Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 134]

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COMMISSION DES RECHERCHES SUR LE GRISOU

veines et la teneur en cendres n'apparaît pas à Courrières. Le mode de construction des bennes, au sujet duquel le dossier ne donne pas toujours les indications utiles, 1 paraît avoir une influence sérieuse. Ainsi la mine d'Epinac est certainement très poussiéreuse, à en juger par les grandes quantités de poussières très fines que l'on a constatées sur les parements ; cependant les poids totaux de fragments recueillis sont plutôt moindres qu'à la mine, plutôt moins poussiéreuse, de Blanzy, où les prélèvements furent faits exactement avec la même méthode; or, à Epinac, les berlines sont en tôle étanche, tandis qu'à Blanzy elles avaient une porte non étanche, qui laissait filtrer le charbon fin. On observe une curieuse constance de la composition chimique des dépôts poussiéreux entre une prise et la suivante ; en fait, il n'est pas surprenant que les causes de formation des dépôts, qui, en un point déterminé de la mine, varient peu d'un mois au suivant, reproduisent des effets constants ; mais cela est encore moins surprenant si l'on admet que, par cheminement, les dépôts de poussières tendent à s'uniformiser. Certains ingénieurs ont été surpris de constater que la teneur en matières volatiles des poussières, quoique cellesci fussent fortement mélangées de particules stériles, était cependant assez élevée ; elle s'approche de la teneur du charbon pur, et parfois même la dépasse quelque peu; par suite, la teneur en matières volatiles des mélanges poussiéreux, rapportée au carbone fixe, est généralement plus élevée que celle du charbon pur, et d'autant plus élevée que les poussières sont plus sales. On a parfois voulu voir, dans cette augmentation, l'effet de l'oxydation spontanée des poussières ou du mélange de substances grasses provenant des essieux de berlines. Ces deux causes peuvent éventuellement intervenir, mais la princi-

CONDITIONS DE FORMATION DES DÉPOTS POUSSIÉREUX

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pale raison, ainsi que l'ont montré les analyses de M. Le Chatelier, réside dans la présence des parties stériles, qui contiennent, de leur côté, des matières volatiles sous forme d'eau de constitution des schistes ou d'acide carbonique du calcaire. La question de l'oxydation spontanée des poussières est fort intéressante. Il en résulte, en effet, suivant les opinions, une aggravation ou une atténuation du danger. M. Le Chatelier a montré, par des analyses élémentaires et des essais à la potasse, que les échantillons prélevés manifestaient souvent une certaine oxydation. L'oxydation apparaît nettement àCarmaux, pour des poussières prélevées dans des roulages, elle n'apparaît pas pour des poussières prises aux chantiers d'avancement ; à Albi, l'oxydation est plus forte dans le roulage principal qu'au voisinage d'un chantier; à Liévin, les différences dans le degré d'oxydation ne se rattachent pas nettement à des différences dans la nature du lieu de prélèvement, et en particulier, des poussières voisines d'un accrochage dans l'entrée d'air sont parmi les plus oxydées. Mais, d'une manière générale, la forte proportion de produits étrangers, mêlés aux poussières charbonneuses, ne permettait pas de poursuivre cette étude dans des conditions convenables. Il importe, pour une étude de ce genre, que les prélèvements soient faits dans des conditions plus particulières : cette étude a été reprise sur de nouvelles bases par la Station d'essais de Liévin, et est actuellement en cours. Poussières en suspension dans l'atmosphère des mines. — Une deuxième partie du programme consistait dans la recherche des quantités de poussières qui existent normalement en suspension dans l'atmosphère des mines. Sur ce point, les résultats de l'enquête sont tout à fait concordants et caractéristiques. Les prises de poussières ont