Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 90]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIERES DE HOUILLE ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

par l'onde de détonation ; niais cela n'influe pas sur l'allure ■du coup de poussières si le gisement est bien favorable, parce que, dans ce cas, la combustion est, dès le début, assez vive pour que les chasses d'air causées par la . détente assurent un bon soulèvement; et il est indifférent que les poussières aient été soulevées un peu plus ou un peu moins tôt, par l'onde de détonation ou les ondes de détente. Au contraire, avec les gisements poussiéreux voisins de la limite d'aptitude à la propagation, la combustion initiale est trop lente pour engendrer à elle seule de bonnes chasses d'air et un bon soulèvement; le soulèvement produit dès le début par l'onde de détonation apporte un appoint d'autant plus fort et d'autant plus étendu que la charge de dynamite est plus grande ; ainsi les fortes charges assurent àla flamme un plus long parcours. Si la vitesse de celle-ci n'est pas trop réduite, à mesure que la quantité des gaz brûlés s'accroît, la poussée de détente devient plus importante; la vitesse des chasses d'air augmente peu à peu; il pourra se faire qu'avant que la llamme soit parvenue au terme de la zone de soulèvement initial, la vitesse des chasses d'air ait atteint la valeur nécessaire pour un bon soulèvement; à ce moment la propagation générale sera déclenchée. Ainsi, pour les gisements poussiéreux favorables, la détonation initiale joue le rôle d'une simple amorce. Avec les gisements moins favorables, l'allure du coup de poussières, sur une longueur comparable à celle de notre galerie de 65 mètres, dépend de l'importance de la détonation initiale et, suivant le cas, le coup de poussières finira par se généraliser ou par s'amortir. Il est probable qu'avec des charges supérieures à celles que nous avons employées, on reculerait la limite des gisements aptes à donner naissance à un coup de poussières, en augmentant la longueur de la première phase pendant laquelle la

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progression de la flamme est aidée par le soulèvement initial. 4° Influence de la quantité de poussières. Dépoussiérage et arrosage. — Il nous reste à parler delà plus importante des conditions qui président à la naissance d'un coup de poussières, la composition du gisement poussiéreux. Les principales variables qui caractérisent le gisement poussiéreux sont la quantité, la finesse, la pureté, la composition chimique et l'humidité des poussières ; on a poursuivi les essais méthodiquement, en étudiant successivement l'influence de chacune de ces variables indépendantes. On est arrivé aux conclusions que nous allons rappeler et développer. Un premier point très important, c'est la large tolérance que comportent les conditions de gisement, en ce ■qui concerne la quantité de poussières en dépôt. Si, esquissant une théorie abrégée de la combustion •des poussières, on ne faisait état que de la combustion du ■carbone, on penserait peut-être que la propagation n'est possible que pour des densités de nuage comprises entre des limites étroites, aux environs de 112 grammes par mètre cube ; pour des nuages plus clairs,, il y a insuffisance de combustible, et pour les nuages plus denses, ■excès de combustible, d'où formation d'oxyde de carbone et abaissement de la température de combustion (*). La première série d'essais d'inflammabilité a montré qu 'en fait il n'en est pas ainsi ; les essais dont nous venons de rendre compte ont donné la confirmation et l'explication de ces premiers résultats ; on a vu la part importante (*) Les températures théoriques de combustion à pression constante de 112 et 223 grammes de carbone dans 1 mètre cube d'air, avec formation exclusive d'acide carbonique dans le premier cas et d'oxyde de carbone dans le second, sont respectivement voisines de 2.030° ■et 1.300°. 12 Tome XVIII, 1910.