Annales des Mines (1910, série 10, volume 17) [Image 248]

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LES

GISEMENTS

AURIFÈRES

M. Lemoine avait cru pouvoir attribuer cette bande au Lias et l'examen sommaire que j'avais fait moi-même des poissons fossiles recueillis dans les sédiments qui en font partie m'avait amené aux mêmes conclusions (*). L'étude récente d'une faune d'Ammonites a permis à M. Douvillé (**) de la rapporter au Trias. Au point de vue tectonique, il est facile de se rendre compte que cette région fait partie à la fois de la zone du Bongolava qui s'infléchit vers le N.-O. dans la partie septentrionale de l'île et à la bordure méridionale de l'effondrement transversal qui a provoqué la surrection du massif d'Ambre ; située à la jonction de deux grandes lignes de dislocations, elle présente un champ de fracture intéressant au point de vue aurifère. Les roches qui la constituent sont, nous l'avons vu, des grès et des schistes; le métamorphisme a fortement cristallinisé ces roches, transformant les grès en quartzites et les schistes micacés en micaschistes; par endroits, et plus particulièrement au nord-est, au voisinage du col d'Ambararata, on observe des pointements éruptifs d'une roche grise ou noirâtre, placée par M.deLaunay(***)dans le groupe des téphrites. D'autre part, M. Lemoine avait déjà signalé, dans la même région, des roches phonolitiques, notamment au Tsaratanana, sommet le plus élevé de Madagascar (2.868 mètres). La bande aurifère qui s'étend au pied de la falaise gréseuse est, littéralement, hachée par une série de filons de quartz et de barytine et c'est généralement dans le quartz (*) A. MERLE, Note sur les poissons fossiles de la région d'Andava-" koera (Nord de Madagascar) (Bulletin de l'Académie malgache, vol. VI,

1908).

(**) H. DOUVILLÉ, Découverte du Trias marin à Madagascar (Compte rendu roumain des séances de la Société géologique de France, n°3,<

7 février 1910). (***) L. DE LAUNAY, les Filons d'or et les roches éruptives de la région d'Andavakoera à Madagascar (Compte rendu sommaire des séances d& la Société géologique de France, n" 4, 21 février 1910).

DU

NORD

DE

MADAGASCAR

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que se trouve l'or. Je possède cependant un échantillon de barytine à grains d'or visibles ; mais c'est là une exception. En quoi les filons du nord de Madagascar se différencient-ils de ceux du reste de l'île? Ces différences sont profondes et ont trait : 1° A la coexistence du quartz et de la barytine ; 2° Au modo de remplissage des fissures ; 3° A la teneur en or du métal natif. Les filons de quartz et de barytine font partie du même .système de fractures et paraissent contemporains ; les uns et les autres renferment des sulfures divers (pyrites de fer et de cuivre, galène, blende) et aussi de l'or natif. Le remplissage des filons, qui s'est opéré per ascensum dans les autres contrées aurifères connues de Madagascar, où la barytine fait défaut, est là visiblement hydrothermal. Le quartz et la barytine se sont déposés per descensum dans les fissures formées à la suite de l'effondrement de la région occupée actuellement par le massif d'Ambre. Les eaux chargées de silice et de sulfures divers ont circulé dans les fentes et déposé sur leurs parois, avec du quartz, des sulfures métalliques et du sulfate de baryte; la séparation de ces divers éléments serait une simple question d'affinité chimique. Dans tous les cas, c'est le soufre qui a joué le rôle de minéralisateur, pour le baryum comme pour les autres métaux, et rien ne permet d'assigner des dates distinctes de dépôt au quartz et à la barytine ; ces minéraux renferment les mêmes sulfures de métaux lourds, et la position respective des filons de l'une et l'autre substance, s'enchevêtrant, se recoupant dans tous les sens, semble démontrer la contemporanéité de leurs formations. Dans les filons de quartz on se rend compte que la silice a gagné de la paroi vers le centre de la cassure ; le bord libre des cristaux est terminé par une pyramide comme