Annales des Mines (1909, série 10, volume 16) [Image 279]

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EXPÉRIENCES EXÉCUTÉES POUR L'ÉTUDE DES EXPLOSIFS

de sûreté se classent dans un ordre différent suivant qu'on les essaye au grisou ou aux poussières. Si l'on cherche à expliquer l'influence du salpêtre, on peut d'abord remarquer que le carbonate de potasse, qui se trouve parmi les produits finaux de la décomposition, ne saurait exister à l'état solide à la température de détonation et que cette température se trouve de ce fait abaissée d'une quantité en rapport avec les chaleurs de fusion, volatilisation, voire dissociation du carbonate <le potasse. Les sels alcalins, par leur volatilisation, auraient ainsi pour effet de limiter la température notablement plus bas que ne l'indiquent les formules théoriques, sans toutefois diminuer sensiblement la puissance de l'explosif, parce que les chaleurs de volatilisation et dissociation sont restituées aux gaz de la détonation à une température assez élevée pour intervenir utilement dans le travail de l'explosif. En coupant la pointe de la courbe des températures, on diminue le risque d'inflammation du grisou, en raison de cette propriété bien connue que le retard à l'inflammation augmente lorsque la température s'abaisse. Si l'on admet cette hypothèse, il n'y a pas de raison pour que l'action du salpêtre ait un effet semblable avec les poussières. L'inflammation des poussières comporte un soulèvement préalable qui se fait plus ou moins bien ou plus ou moins vite, suivant la forme des premières ondes auxquelles donne naissance la détonation ; celles-ci peuvent être modifiées, si la loi de variation de la température des produits de la détonation n'est plus la même. En second lieu, l'inflammation des poussières se fait par échauffement de particules solides et est facilitée par les matières volatiles qu'elles dégagent; or réchauffement dépend plutôt de la quantité de chaleur disponible au-dessus d'une certaine température que de la température maximum atteinte par les produits de la déto-

CONTENANT DES SELS ALCALINS

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nation; d'autre part, les matières volatiles dégagées contiennent de l'hydrogène, qui n'a pas sensiblement de retard à l'inflammation. Une autre hypothèse a été proposée ; elle consiste à admettre que la présence de sels alcalins a pour effet de diminuer les vitesses de réaction et par suite les chances l'inflammation soit des gaz combustibles produits par la détonation, soit des mélanges grisouteux explosifs mis en présence des produits de la détonation. Il ne serait pas impossible, en partant de cette hypothèse, d'expliquer la différence d'effet en présence du grisou et des poussières. Mais il ne faut surtout pas oublier que le mécanisme de l'inflammation du grisou et des poussières par les explosifs est encore mal connu, que le problème comporte d'autres facteurs que ceux envisagés ci-dessus, notamment la pression développée, et que les modifications dans la •composition de l'explosif peuvent encore agir sur ces facteurs d'une manière plus ou moins favorable à l'inflammation, soit du grisou, soit des poussières. Indépendamment de toute considération théorique, un fait, intéressant pour la pratique des mines, se dégage des essais : l'addition de 5 unités de salpêtre parait, d'une manière assez générale, accroître la sécurité, en présence du grisou, des types d'explosifs de sûreté expérimentés. D'autre part, par la substitution de 5 unités de salpêtre à 5 unités d'azotate d'ammoniaque, nos explosifs de sûreté usuels ne cessent point de satisfaire aux conditions réglementaires pour l'admission dans les mines grisouteuses ; enfin cette substitution ne parait pas modifier sensiblement - leur puissance ou leur aptitude à la détonation. Dans ces conditions, il est désirable que ces explosifs au salpêtre . soient soumis dans les mines à des essais pratiques; si les résultats de ces essais pratiques sont favorables, les explosifs au salpêtre seront à recommander de