Annales des Mines (1909, série 10, volume 16) [Image 106]

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LES

CATASTROPHES MINIERES

AMÉRICAINES

DE

de l'explosion initiale, il n'y a pas eu de généralisation à la. mine entière; l'explosion a été localisée. Or ces trois mines se ressemblent beaucoup par la composition du charbon, la nature du gisement, l'aménagement général, la méthode d'exploitation, l'intensité de la ventilation; elles diffèrent peu par leur degré de sécheresse. Elles diffèrent davantage par leur caractère plus ou moins grisouteux ; mais ce n'est pas au grisou qu'il faut attribuer la plus ou moins grande généralisation de l'explosion, puisque la mine de Monongah, moins grisouteuseque celle de Darr, et peut-être que celle de Naomi, fut la plus complètement dévastée des trois. Elles diffèrent sur tout par leur caractère plus ou moins poussiéreux ; les. poussières fines étaient abondantes à Monongah, rares à Naomi ; l'on constate qu'il y a rapport direct entre l'état, poussiéreux et le degré d'extension et de violence de l'explosion. Les expériences de Liévin ont montré que, parmi les multiples facteurs qui influent sur l'inflammabilité des poussières et leur aptitude à la propagation de l'inflammation, la proportion des poussières fines joue un rôle important: plus les poussières sont grossières, plus lente est la propagation, moins violents sont les effets, plus grandes sont les chances que l'explosion soit arrêtée ; d& plus, la quantité de poussières nécessaire pour que la propagation soit possible est d'autant plus grande que les. poussières sont moins fines. C'est ce que vérifie la comparaison des caractères poussiéreux des trois mines et des effets des trois explosions. Il est intéressant d'avoir une confirmation, à l'échelle de la réalité, de ce que l'on peut déduire des expériences, à échelle plus réduite, de la galerie d'essais. -i

Relativement aux causes initiales des explosions, la catastrophe de Monongah apporte un document intéres-

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MONONGAH,

DARR ET NAOMI

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sant. Il y a longtemps que M. Le Chatelier avait signalé que l'inflammation des nuages poussiéreux pouvait être réalisée par une simple flamme, telle que celle d'une lampe ; mais l'indication avait été perdue de vue par plusieurs expérimentateurs qui ne pensaient pas que ce fût possible. Des expériences, à la Station d'essais de Liévin, ont donné les résultats indiqués par M. Le Chatelier ; on a constaté que l'arc électrique était également propre à provoquer l'inflammation ; la flamme s'étend aussitôt à la totalité du nuage, à la condition que celui-ci soit assez dense et soit composé de poussières suffisamment inflammables. Il est intéressant de constater que, si des circonstances, qui ne sauraient être, à vrai dire, que très exceptionnelles, mettent en suspension dans la mine un nuage suffisamment volumineux, dense et inflammable, il suffit de la flamme d'une lampe ou d'un arc électrique pour déterminer une catastrophe généralisée. La cause initiale de l'explosion de Darr n'est pas parfaitement définie; mais le point initial est connu et présente certaines analogies intéressantes avec le chantier Lecœuvre de l'explosion de Courrières. La cause supposée de l'explosion de Naomi n'apprend rien que l'on n'eût pu prévoir. L'étude des effets des explosions a apporté d'autres enseignements. A un point de vue plutôt spéculatif, cette étude a mis en évidence, en trois nouvelles occasions, l'utilité que présente, pour la recherche du point initial d'une explosion, l'observation de l'orientation des croûtes de coke. De nombreux cas ont, d'autre part, permis de vérifier que la signification de cette orientation est bien, d'une manière générale, celle que l'on admet d'ordinaire. A un point de vue plus pratique, l'étude détaillée de Monongah a montré que l'humidité dans un quartier branché