Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 255]

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CONSTITUTION DE LA PARTIE MÉRIDIONALE

Le cran de retour. — Charriage ou affaissement? — Il parait hors de doute qu'en Belgique le paquet de terrains anciens Boussu a été arraché du bord méridional du bassin de Namur, et s'est avancé jusqu'au milieu du bassin houiller en glissant sur une faille de charriage. Cette faille de charriage devait onduler autour de l'horizontale ; il est vraisemblable que ses ondulations primitives étaient moins accentuées qu'elles ne le paraissent maintenant, et qu'elles se sont développées postérieurement sous l'influence de mouvements généraux affectant également les couches sousjacentes. On peut remarquer, en effet, que la faille de Boussu est grossièrement concentrique aux veines supérieures du bassin de Dour; ces veines forment un synclinal dont l'axe est à peu près Est-Ouest et s'enfonce vers l'Ouest; il en est de même pour la faille de Boussu, et les deux synclinaux, celui du bassin houiller, ainsi que celui de la faille de Boussu, sont à peu près superposés. En réalité, le parallélisme n'est pas absolu, puisque certaines veines sont coupées par la faille; mais il est suffisamment net pour attirer l'attention. Il semble donc que l'incurvation du bassin houiller, causée par l'enfoncement progressif de sa partie médiane, ait dû continuer après le charriage de Boussu, et courber la faille de la même manière que les veines de houille. C'est grâce à cet enfoncement de la partie médiane du bassin houiller qu'il reste un témoin du charriage de Boussu ; si ce phénomène ne s'était pas produit, tout le paquet de Bqussu aurait été dénudé (*). Quand on se dirige vers la France, on suit le paquet de Boussu jusqu'à Quiévrechain, et il paraît logique dé lui rattacher aussi les terrains anciens des sondages (*) L'enfoncement qui a produit le synclinal houiller du bassin de Dour ne s'est pas produit nécessairement dans la partie médiane du bassin primitif; mais, par suite des dénudations postérieures, l'axe du synclinal se trouve naturellement au milieu do ce qui reste du bassin houiller.

DU BASSIN HOUILLER DU NORD

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d'Onnaing. Nous avons déjà dit, quand nous avons parlé de ces sondages, que le voisinage du faisceau gras de Cuvinot et des terrains anciens d'Onnaing ne pouvait s'expliquer que par une faille. Or, ce qui se passe à Onnaing est tout à fait comparable à ce qui existe à Boussu ; ici et là nous avons des terrains anciens juxtaposés à des terrains plus récents, et l'explication donnée pour Boussu est, à coup sûr, la plus simple et la plus satisfaisante pour Onnaing. Si l'on admet que la faille d'Onnaing est une faille de charriage semblable à celle de Boussu, on peut encore se demander si ces deux failles sont distinctes ou si elles se confondent ; en d'autres i ormes, si les terrains anciens d'Onnaing et de Boussu appartiennent à deux écailles distinctes ou à la - même écaille. On ne voit aucune raison pour ne pas admettre la, seconde hypothèse. Nous avons suivi et montré la continuité du charriage de Boussu depuis le bassin de Dour jusqu'à Onnaing ; au delà, et dans le prolongement de la faille do Boussu, nous trouvons le cran de retour. Ce dernier accident, examiné en faisant momentanément abstraction du phénomène de Boussu, peut donner lieu à deux hypothèses opposées : l'affaissement ou le charriage. Une coupe transversale du bassin houiller dans la région de Valenciennes donne la succession suivante du Nord au Sud : on part du calcaire carbonifère; on trouve le terrain houiller inférieur de la bordure Nord du bassin, le faisceau de veines à charbons maigres de VieuxOondé-Vicoigne et le faisceau de veines demi-grasses de Thiers ; puis on franchit le cran de retour, qui plonge au Sud avec une inclinaison d'environ 60°, et on rencontre les veines à charbons gras de Denain, qui, d'après la paléontologie, paraissent plus récentes que les veines à charbons maigres et demi-gras. Dans la région de Denain, on observe des faits analogues. La première idée qui