Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 258]

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LA LOTTE

CONTRE

LES

FEUX

SOUTERRAINS

sûr moyen de les prévenir est de procéder à un nombre suffisant de tentatives d'embouages en tous les points critiques. La rentrée dans le quartier ne comporte pas toujours la démolition des anciens barrages; il convient même d'éviter cette sujétion toutes les fois que le permet la disposition des lieux; il faut alors se créer un courant d'air spécial, différent du courant primitif. Les barrages n'en seront pas moins, pondant ces opérations, l'objet d'une surveillance très étroite. Des prises de gaz, en arrière des barrages, mettront, s'il y a lieu, en évidence, la recrudescence du feu et la nécessité éventuelle de suspendre les travaux, pour reprendre et compléter l'embouage préparatoire. Si la démolition des anciens barrages était indispensable, il importerait de ne l'effectuer qu'avec les plus grandes précautions. Les lampes à feu nu doivent être rigoureusement proscrites. On s'assurera au préalable, par des analyses de gaz, de l'extinction du feu et de la composition des fumées, afin d'éviter une explosion sous l'influence des rentrées d'air. On établira, par l'un des tuyaux ménagés dans le barrage, l'égalité de pression sur les deux faces avant et arrière, de façon à empêcher l'afflux subit sur les ouvriers des fumées asphyxiantes. Celles-ci seront diluées dans un courant d'air suffisamment abondant. Ces précautions prises, on pourra démolir partiellement le barrage de sortie ou simplement déboucher les tuyaux de dégagement établis lors de la construction. On s'attaquera ensuite au barrage d'entrée. Afin de parer à toute éventualité, on se réservera la possibilité de le refermer d'une manière rapide, ou mieux encore, on établira en arrière un barrage d'attente. On procédera, pour la suite des opérations, comme nous l'avons indiqué dans les travaux d'attaque directe ; on aura soin d'avoir constamment à sa disposition une colonne d'eau ^ous pression.

LA LUTTE

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CONTRE LES FEUX SOUTERRAINS

Ces divers travaux se poursuivent parfois sans difficulté bien spéciale; nous avons vu rentrer, sans le moindre incident, dans des régions fermées autrefois à la suite de feux violents ; le comblement spontané des vides, sous l'effet de la pression, avait même rendu inutile toute opération préliminaire d'embouage (*). On comprend, dès lors, que l'excellence des résultats obtenus ait conduit la plupart des ingénieurs français sinon à ignorer, du moins à considérer plutôt comme des curiosités techniques les méthodes sans air, très savantes mais très complexes, préconisées à l'étranger. En fait, l'initiative du procédé semble bien revenir à M. Henri Fayol, l'éminent Directeur de Commentry, qui l'a employé, il y a près . de trente ans (**). Depuis lors, laméthode, perfectionnée et complétée, adonné lieu à des applications célèbres en Silésie autrichienne, à Polnisch Ostrau en 1884, puis à Karwin ^en 1894 ; nous en citerons également un autre exemple dans les mines de lignite de Bohême (explosion du puits Pluto, 10 novembre 1894). Le principe de la méthode est le suivant : on établit, en avant des barrages à démolir, un sas d'aérage, constitué par deux portes étanches pourvues de deux guichets fermés par une glace; on peut ainsi observer ce qui se passe en arrière des portes et, s'il y a lieu, porter secours aux ouvriers. Deux ou trois mineurs pourvus d'appareils (l'appareil le seul employé jusqu'ici dans ces opérations a été du type à tuyau) pénètrent à l'intérieur du sas, y déposent les outils, matériel, chariots dont ils ont besoin, puis attaquent le barrage. Le sas permet d'éviter qu'au cours des différentes manœuvres, un courant ne (*)Tly aurait quelques réserves à faire au sujet de la reprise des régions en feu, auprès des affleurements ; les cassures du terrain donnant lieu à des rentrées d'air constantes, on ne peut jamais compter surune extinction complète. (**) Voir article précité p. "27 : ince?ulie de Sainte-Aline. Tome XIII, 1908.

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