Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 195]

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NOTE

SUR UNE EXPLOSION DE POUSSIÈRES

reuses ; l'hydrologie spéciale de ce bassin a pour effet de rendre ces mines extrêmement humides, et l'épuisement a été de tout temps le service le plus important et le plus onéreux de l'exploitation. Bien que très régulier dans son ensemble, le lambeau de Gardanne est criblé d'une série de petites failles en relation avec les calcaires fissurés qui surmontent la couche, et qui drainent dans les travaux toutes les eaux de surface. Il existe néanmoins des régions sèches, mais elles sont de faible étendue. Même dans ses quartiers secs, d'ailleurs, la mine est très peu poussiéreuse ; on y trouve des petits grains de charbon, beaucoup plus que des poussières fines, et ces grains euxmêmes sont peu abondants.. Il est vrai que la poussière, si elle est en général pou abondante, est par contre d'une extrême iiiflammabilité. Quelques jours avant l'accident de Gardanne, à l'atelier de criblage du siège de CastellaneLéonie, voisin de celui du puits Biver, le nuage de poussières soulevé par le basculage d'une benne de charbon s'était enflammé au simple contact de la flamme d'une lampe à feu nu. Les essais effectués à la Station de Liévin dans le courant de l'année 1907 ont également montré la grande inflammabilité des poussières du bassin de Fuveau, qui seraient au moins aussi dangereuses que celles de Courrières. Les mines du bassin de Fuveau doivent donc être rangées, non pas dans la catégorie des mines poussiéreuses, mais dans celle des mines à poussières inflammables. En raison de l'humidité à peu près générale de ces mines et de la quantité très faible de poussières déposées dans les régions sèches, l'attention n'avait jamais été attirée sur le danger que présentait leur inflammabilité, jusqu'au moment de l'accident. Sauf dans la région Ouest du gisement de Gardanne, qui est grisouteuse, on travaillait partout avec des lampes à feu nu, et il n'y avait aucune réglementation sur l'emploi des explosifs déter-

SURVENUE A LA MINE DE

GARDANNE

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minée par la présence ou la nature des poussières. Suivant les quartiers ou les mines, on utilisait la grisounito, la poudre noire, lacheddite, ou même la dynamite. Depuis plus d'un siècle qu'elles étaient exploitées, aucune explosion de poussières ne s'était produite dans les mines du bassin de Fuveau, et les « coups de poussières » y étaient considérés comme tout à fait improbables. C'est ainsi, d'ailleurs, que l'accident de Gardanne a été, tout d'abord, attribué à une explosion de grisou.

CHAPITRE IL L'ACCIDENT.

Le 9 janvier 1907, vers midi, les ouvriers mineurs Allione et Allietti -avaient, avec le concours du manoeuvre Odoero, préparé et chargé à la dynamite-gomme six coups de mine au front de taille du chantier n° 53, de l'avancement Est de la galerie de niveau de l'étage 88 de la couche du Gros-Rocher, quartier Est du puits Biver (voir Pl. V). Vers midi, Allione et Allietti allumèrent chacun trois des mèches, puis allèrent avec Odoero se mettre à l'abri à l'entrée du travers-bancs débouchant dans la galerie 88, à 100 mètres environ du front de taille. L'explosion des quatre ou cinq premiers coups se produisit sans aucune particularité appréciable ; mais celle de l'un des deux derniers coups fut accompagnée d'un bruit considérable ; une flamme suivie d'une fumée noire intense parcourut la galerie 88, atteignit les trois mineurs Allione. Allietti et Odoero en leur causant des blessures graves, renversa sur 1 mètre environ la gaine d'aérage qui longeait la galerie 88, pénétra audessous de cette galerie dans le chantier n° 69 où elle causa des brûlures à 4 ouvriers de ce chantier, Buisson,