Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 99]

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SA VIE, SES TRAVAUX

ALFRED POTIER

ALFRED POTIER, INSPECTEUR

GÉNÉRAL

DES

MINES,

MEMBRE

DE

L'iNSTITUt

SA VIE, SES TRAVAUX Par M. A. LIÉXAIiD, Ingénieur au Corps des Mines.

A peu d'années d'intervalle, le Corps des Mines a eu déplorer la perte de deux de ses membres, physiciens éminents, qui furent tous deux professeurs à l'Ecole Polytechnique et Membres de l'Institut. Les Annales des Mines ont déjà retracé la carrière scientifique du plus jeune (*), enlevé le premier à notre admiration. Nous voudrions rappeler aux lecteurs des Annales la vie et les travaux du second, M. l'Inspecteur Général Potier. Né le 11 mai 18i0, Alfred Potier entrait à l'Ecole Polytechnique à l'âge de dix-sept ans, étant déjà licencié ès sciences. Deux ans plus tard, il était élève-ingénieur des Mines, et, en 1864, après avoir été attaché un an au Secrétariat du Conseil Général des Mines, il fut chargé du service ordinaire des départements de Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Eure-et-Loir et Loiret, à la résidence de Paris qu'il ne quittera plus. Mais, s'il donnait tous ses soins à son service, les études scientifiques, la géologie et la physique surtout, avaient ses prédilections, et la maîtrise qu'il révéla dans ses recherches scientifiques lui fit attribuer dès 1867 un poste de répétiteur à l'Ecole Polytechnique et, en 1868, la chaire de physique aux cours préparatoires de l'Ecole des Mines.

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(*) Alfred Cornu, né en 1841, mort en 1902.

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Il avait été attaché au service de la carte géologique détaillée dès l'époque de sa fondation, en 1868. Peu après survenait la guerre de - 1870 et Potier se signalait pendant le siège de Paris comme capitaine auxiliaire du génie. Le jour du combat de Bagnenx, grâce à sa connaissance des carrières des environs, il put guider et faire réussir un mouvement tournant contre ArcueilCachan. Il se hasarda même une nuit à pousser une reconnaissance dans une carrière souterraine de la zone ennemie et mérita ainsi la croix de la Légion d'honneur. Ingénieur en chef en 1881, Potier devenait la même année professeur de physique à l'Ecole Polytechnique en remplacement de l'illustre Lamé, dont il fut par ses travaux de physique mathématique le digne continuateur. Potier forma de nombreuses générations d'élèves, et lorsque an bout de plus de vingt ans son état de santé l'obligea de laisser son enseignement, il n'abandonna pas pour cela l'Ecole Polytechnique. Nommé examinateur de sortie, il se fit remarquer par la sagacité avec laquelle il savait juger les élèves et apprécier leur intelligence et leur travail. Entre temps Potier avait été adjoint au Service des topographies souterraines des bassins houillers. Nous le retrouvons dans tous les jurys des grandes Expositions : 1878, 1881, 1889, et la croix d'Officier de la Légion d'honneur vint récompenser les services qu'il y rendit. Lorsqu'on institua en 1887, à l'Ecole des Mines, des conférences sur les applications de l'électricité, c'est tout naturellement à Potier que l'on pensa. En 1893, ces conférences furent transformées en un véritable cours qu'il professa jusqu'à sa retraite avec la grande autorité que lui donnait sa compétence indiscutée sur ces matières. La Société française de Physique avait élevé Potier à sa présidence pour l'année 1884; la Société internationale des Électriciens lui décerna le même hon-