Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 242]

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LA CATASTROPHE DE LA CATASTROPHE DE

COURRIÈRES

COURRIÈRES

Et, à vrai dire, si douloureuse que soit cette constata-

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RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS.

tion, on doit reconnaître qu'il y a peu de grandes explosions où les victimes de l'asphyxie après l'explosion ne soient plus nombreuses parfois que celles du coup de feu proprement dit. C'est là un fait général et bien connu, qui s'est produit à Courrières comme ailleurs. La preuve s'en trouve dans les récits mêmes des survivants : Broy et Delplanque, dont nous avons parlé plus haut, appartenaient à une équipe de huit ouvriers, dont six ont été asphyxiés plus de douze heures après l'explosion ; les treize escapés du 30 mars appartenaient à des équipes

dont

l'une a perdu cinq hommes, qui se sont endormis dès le premier jour sous l'action de l'acide carbonique et ne se sont pas réveillés, et dont l'autre a perdu trois hommes le deuxième ou le troisième jour, ainsi qu'il appert des dépositions des survivants recueillies par la justice et communiquées par elle à la commission; Berthon, le survivant sorti le 4 avril, faisait partie d'une équipe nombreuse qui a semé des victimes sur son chemin en se sauvant.

D'une

manière générale, s'il y a eu beaucoup

d'ouvriers atteints directement par les flammes, il est certain que beaucoup d'autres ont été empoisonnés par l'oxyde de carbone ou asphyxiés par l'acide carbonique, les uns à leurs chantiers mêmes envahis par le mauvais air, les autres pendant qu'ils cherchaient leur salut dans la fuite. Mais ce que l'on peut' dire, c'est que les ouvriers qui ont ainsi succombé se sont en général endormis dans la mort, sans subir les souffrances qu'ils auraient eu à endurer s'ils avaient été enfermés, par exemple, dans un espace étroitement clos, où ils auraient été torturés par la faim ou par la raréfaction graduelle de l'air respirable.

En résumé, de l'enquête à laquelle elle a procédé et de la discussion à laquelle elle a soumis les faits établis par cette enquête, la commission n'a pu tirer des conclusions unanimes. Les conclusions de MM. Cordier et Evrard sur chacun des points examinés ont été textuellement reproduites et discutées dans Le corps du présent rappo. t. La majorité de la commission, composée de MM. Carnot, Àguillon, Nivoit et Kuss, a été amenée aux constatations et appréciations suivantes sur les opérations de sauvetage et sur la conduite des travaux depuis la catastrophe jusqu'à la date du 8 avril. 1° Les travaux ont été, dès le début, effectués par les ingénieurs de l'Etat en conformité avec les dispositions légales qui régissent les mines en pareil cas. La responsabilité d'aucun agent de la Compagnie ne peut être mise en cause à cet égard. Les délégués à la sécurité des ouvriers mineurs n'avaient pas à être légalement entendus; ils pouvaient présenter toutes leurs observations par inscription sur leurs registres ; ils n'ont pas usé de cette faculté. 2° Aucun indice ne permet de supposer que des mineurs ayant survécu à l'asphyxie des premiers jours aient péri ultérieurement dans la mine faute de secours qu'il eût été possible de leur donner. L'autopsie a, en effet, démontré que les mineurs que l'on a prétendu être morts longtemps après la catastrophe ont été brûlés et asphyxiés dès le début. Les tentatives de préservation dont on a relevé des traces dans les travaux ont été effectuées par des ouvriers sauvés ou morts dès le premier jour. Les huit mineurs qui se trouvaient à l'origine avec les