Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 188]

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LA CATASTROPHE DE COURRIERES

cédents, 10 hommes furent retrouvés asphyxiés à très faible distance de l'endroit où ils devaient être. En résumé, à 331 dans les travaux du Sud, 2 hommes seulement, qui travaillaient à l'extrême Sud-Ouest, ont pu s'échapper ; les quatre cinquièmes des ouvriers des plate ivres sont morts sur place, brûlés ; tous ceux des dressants sont tombés asphyxiés en s'enfuyant. La veine Marie fait à 331 tout le tour du puits. A l'Est sur le chemin du 3, nous avons vu que les 21 ouvriers étaient morts sur place. Dans la descenderie du NordEst, quelques ouvriers (4 ou 5) ont pu quitter leur chantier et ont fait quelque 30 ou 40 mètres ; les autres sont morts sur place. Ceux des voies de fond et des voies principales des treuils du Nord et du Nord-Ouest sont morts sur place. Les hommes qui travaillaiênt dans les dépilages du Nord-Ouest ont presque tous pu tenter la fuite ; ceux qui se trouvaient le plus près de la voie de fond ont fait 10 à 20 mètres; ceux qui étaient en haut du quartier, 50 à 60 mètres; deux d'entre eux ont pu redescendre jusqu'à la voie de fond. Enfin, dans les descenderies de l'Ouest, les ouvriers ont pu se réunir et sont morts asphyxiés. On peut compter que la moitié des 121 ouvriers de Marie sont morts surplace, généralement brûlés. Dans les veines du Nord, il ne semble pas qu'aucun ouvrier soit mort sur le coup. Dans Aîné Ouest et Amé Est, tous ont tenté de fuir par la bowette ; 66 d'entre eux sont tombés asphyxiés ; ceux qui ont fait le plus de chemin ont été retrouvés à 150 mètres de leur chantier. Cependant 5 ouvriers d'Amé parvinrent à la bowette et furent recueillis par le porion Grandamme, qui les amena au Nord dans Marie 2" branche. Dans Eugénie, 25 ouvriers qui fuyaient sont morts au voisinage de la bowette ; mais 19 autres ont été retrouvés et emmenés également par le porion Grandamme. Il les réunit aux 9 survivants de Marie 2' branche (sur 13 ouvriers). Tous attendirent

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jusqu'à deux heures de l'après-midi, le 10 mars, dans Marie 2" branche ; puis, les mauvais gaz arrivant sur eux par la bowette, le porion Grandamme les fit passer dans la veine Amé par le retour de Marie ; ils redescendirent dans la voie de fond d'Amé, et 23 d'entre eux, sur 34, purent arriver à la bowette 331 et de là à l'accrochage 383. Les 11 autres tombèrent en route. Parmi ceux-ci se trouvait Berthon Auguste, qui se ranima au bout d'un temps qu'il ne put apprécier. Il prit le même chemin qu'avaient suivi ses camarades, descendit à 383, ne put approcher de l'accrochage à cause de l'envahissement des eaux et passa dans la bowette Sud par la bowette tournante. Dans la bowette Sud et aux alentours, il vécut avec les nombreux « boutelots » et « briquets » que les ouvriers de ces quartiers avaient laissés en s'enfuyant. Enfin, le 4 avril, entendant du bruit dans le puits, où l'on circulait déjà depuis trente-six heures, il remonta à 331 par le bure Lefel d'Amé à Marie, et trouva une équipe qui le ramena à l'accrochage. A l'étage de 383, la proportion des morts est encore très élevée à l'accrochage, où 11 hommes sur 12 sont morts sur place, brûlés, et dans la bowette Nord, où 10 hommes sur 11 (2 bowetteurs et 8 ouvriers d'Amé et d'Eugénie) sont tombés asphyxiés en tentant de fuir. Mais, dans les grands travaux du Sud, qui comportaient un personnel de 120 hommes, 4 seulement ont péri, dont un est tombé dans les fumées de la bowette et trois ont été brûlés et tués sur place dans Amé, au voisinage du bure Lefel, qui fait communiquer cette veine avec Marie 331. L'étage de 299 n'avait plus qu'un quartier en activité, Joséphine Nord-Est, dont les 8 ouvriers sont morts, 4 presque sur place, les 4 autres à 20 ou 30 mètres de leur travail. En résumé, au n° 4 comme au n° 3 et au n° 2, ne sont morts sur place et n'ont été brûlés que les ouvriers du