Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 69]

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DANGERS PRÉSENTÉS PAR LES LAMPES DE SÛRETÉ

de 2 millimètres de largeur, espacées de 7 à 8 millimètres (*) (42 pastilles par bande). Cette bande, rouléesur elle-même, est placée dans une boite verticale, et son extrémité libre est engagée entre deux griffes, l'une fixe, l'autre mobile et susceptible de prendre un mouvement de va-et-vient qui entraine toujours la bande dans le même sens, en faisant émerger chaque fois une (et quelquefois deux) pastille s'allumant au passage sur la griffe fixe avec une petite flamme très courte et assez pâle. Dès qu'une pastille s'allume, elle enflamme bientôt la paraffine qui l'entoure ; la pastille de phosphore, qui brûle assez: lentement, s'échauffe au milieu delà flamme de la paraffine et peut alors donner lieu à de violentes décrépitations avec projections; ces décrépitations sont encore plus fortes quand le rallumeur a fait sortir de la boîte deux pastilles à la fois. Elles sont d'autant plus violentes que la bande a été plus échauffée au préalable, et elles atteignent alors fréquemment le chapeau du tamis intérieur.. 1° Nous avons constaté qu'après avoir fait fonctionner tout un rouleau dans une lampe non allumée, dont le réservoir avait été préalablement échauffé, les tamis restant froids, l'intérieur du verre et du tamis intérieur était criblé de particules de phosphore non bridées, adhérentes aux parois en raison de l'état pâteux de la matière au moment de sa projection. En chauffant légèrement le tamis, toutes ces parcelles deviennent phosphorescentes et sont entièrement consumées avant que le tamis atteigne même 100* (chauffées en nature à l'étuve, les pastilles s'enflamment en masse versl'10 0 ; mais déjà, vers 85°, il se manifeste par places des commencements de combustion lente). (*) 11 est à noter que, dans le but sans doute de diminuer les ratés d'allumage, les fabricants de ces bandes ont rapproché les amorces beaucoup plus que dans les modèles anciens, en sorte que, contrairement aux prescriptions de la circulaire ministérielle du 9 janvier 1903,. reproduites dans les arrêtés belges, il y a assez souvent deux pastillesbrûlées par rallumage.

MUNIES DE RALLUMEURS A AMORCES FULMINANTES

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Si l'on opère avec deux tamis sans cuirasse, on constate, en plaçant la lampe tête en bas, que des parcelles peuvent traverser le tamis intérieur, et tomber dans le tamis extérieur, parfois même dans la cuirasse : sur 10 rouleaux, nous avons obtenu ainsi 5 fois 1 à 3 parcelles seulement ayant traversé les deux tamis, parcelles d'ailleurs extrêmement fines et incapables, comme nous le verrons plus loin, d'allumer le grisou. Nous n'avons d'ailleurs obtenu ces projections à travers les deux tamis qu'avec des bandes surchauffées au- préalable jusqu'à ramollissement de la paraffine. Il y a là déjà une différence fondamentale avec les amorces fulminantes : dans celles-ci, les particules de matière explosive sont dures, et les tamis laissent passer aisément celles qui, géométriquement, ne dépassent pas la dimension des mailles. Au contraire, les parcelles projetées par les bandes paraffinées sont molles et visqueuses, et traversent très difficilement les tamis, car, pour peu qu'elles rencontrent un fil métallique, elles s'y collent et y restent adhérentes : on comprend ainsi qu'il ne puisse passer que des parcelles extrêmement fines. 2° Nous avons ensuite essayé d'allumer le grisou avec des parcelles de pâte de phosphore découpées avec précaution au couteau, tamisées à travers une toile de 12 X 12, et déposées sur la toile fine du dispositif employé pour les particules d'amorces fulminantes : nous n'avons pu obtenir d'inflammation dans aucun cas sur 10 essais. Dans ces essais, dès que le grisou est allumé sous la toile fine, les parcelles de phosphore donnent lieu à une combustion lente avec phosphorescence, mais sans flamme vive, et elles disparaissent en quelques instants avant que la toile n'ait rougi. Ce n'est qu'avec des parcelles non tamisées, beaucoup plus grosses, que nous avons pu obtenir l'inflammation du grisou : la parcelle a alors le temps d'être échauffée fortement à l'intérieur