Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 65]

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DANGERS PRÉSENTÉS PAR LES LAMPES DE SURETE

d'un rouleau placé sur une feuille de papier, de racler les pastilles ainsi brûlées et de recueillir sur la toile CD les quelques particules ainsi produites et tamisées à travers une toile 12 X 12 de tamis ordinaire, pour obtenir, à tous coups, le passage de la flamme à travers la toile CD. Avec des amorces non desséchées, les particules ainsi obtenues ont été généralement trop petites pour produire l'inflammation, à la vitesse de 0 m ,15 du courant explosif. Certains rouleaux, même séchés, ont toujours donné des particules trop petites pour produire l'inflammation du grisou à cette vitesse. Nous n'avons pas pu, avec notre appareil, la réduire au-dessous de 0 m ,15; mais, comme à cette vitesse d'écoulement ces particules, qui n'allumaient pas le grisou, ont encore allumé le gaz d'éclairage à tous coups, il est probable que, dans les atmosphères grisouteuses absolument calmes, l'inflammation eût été encore obtenue avec ces particules très fines : or, ces conditions sont tout naturellement réalisées dans la mine, quand on introduit avec précaution, pour la recherche du grisou, une lampe dans une cloche remplie de gaz explosif, qui est forcément au repos. Il est donc certain que les conditions de nos essais sont plutôt inférieures comme danger à celles qui peuvent se rencontrer en pratique, et des conditions identiques à celles-ci ne peuvent se rencontrer que par hasard, dans les expériences de laboratoire, où l'on est forcé d'opérer dans des capacités très réduites et, par suite, de renouveler le mélange explosif en l'animant d'une vitesse très appréciable. Dans des essais faits par M. Cotté, Directeur de la Société d'éclairage d'Arras, auxquels assistait M. LeprinceRinguet, Ingénieur des Mines du Service du Pas-deCalais, et dont celui-ci a rendu compte devant la Société de l'Industrie minérale (*), on est arrivé à reproduire acci(*) Comptes Rendus mensuels des réunions de la Société de l'Industrie minérale, avril 1901, p. 128.

MUNIES DE RALLUMEURS A AMORCES FULMINANTES

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dentellement ces conditions par un tour de main spécial, dans un appareil semblable à la cloche de M. Marsaut et traversé par un courant d'air mélangé de gaz d'éclairage au maximum d'explosivité (17 p. 100). La lampe, munie de deux tamis sans cuirasse, après 60 rallumages consécutifs, était rallumée une dernière fois dans le mélange explosif qui brûlait dans le tamis intérieur et en rougissait une petite partie : au bout de quelques secondes (vingt à vingt-cinq), on remuait la lampe, et dans ces conditions 2 explosions se sont produites au dehors, sur 150 essais semblables, par suite évidemment du déplacement de particules qui s'étaient déposées à la surface du tamis extérieur, en équilibre sur les fils, se sont surchauffées dans cette position et, au moment du déplacement de la lampe, ont bougé et se sont placées vis-à-vis de l'ouverture d'une maille où la température était assez haute pour faire déflagrer vivement les particules. Un hasard encore plus favorable s'est présenté dans l'une de nos expériences de rallumage dont nous parlerons plus loin. Une lampe Wolf, type Arras, munie de ses deux tamis et de sa cuirasse, était plongée dans un mélange explosif d'air et de grisou à 9 p. 100, animé d'une faible vitesse (0 m ,10 par seconde autour de la lampe) et, par conséquent, en repos presque absolu dans l'intérieur de la cuirasse. La lampe avait été rallumée 22 fois de suite par friction brusque sans qu'il se produise de passage au dehors : au 23 e essai, une explosion s'est produite au dehors de la lampe, mais seulement une seconde •environ après le l'allumage. L' « effet Marsaut » par rallumage se produisant toujours d'une façon pratiquement instantanée, l'explosion extérieure ne peut être attribuée dans ce cas qu'aux particules retombées de la cuirasse sur les tamis échauffés par la combustion intérieure du gaz. Après cette explosion, la cuirasse a été dévissée avec précaution et secouée Tome XII, 1907.

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