Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 26]

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ÉTCDE

SUR

L'INDUSTRIE

DU

FER

Fabrication des crochets de traction. — Ceux-ci se font soit en fer, soit en acier : 1° Crochets en fer (fig. 8): on part d'une masse de fer carrée ou rectangulaire, on étire l'une des extrémités et l'on façonne l'autre en forme de coin, puis on ploie cette dernière en forme de crochet ; l'ébauche ainsi obtenue est passée dans une matrice qui lui donne la forme définitive et amorce l'œil du crochet. La tige est tournée, puis taraudée. 2° Crochets en acier (fig. 9) : comme précédemment, on étire la tige; puis on platine l'autre extrémité, et la palette obtenue est passée après réchauffage dans une matrice analogue à celle du premier procédé. III. — LA BOULONNERIE.

L'histoire de la boulonnerie dans le département des Ardennes remonte à la première moitié du siècle précédent ; son développement fut particulièrement facilité par la création de la voie ferrée Charleville-Givet vers 1850. Elle semble être la conséquence naturelle d'une plus vieille industrie, celle de la clouterie. «Cette dernière, introduite dans les Ardennes en 1468 par les Liégeois, a débuté par la fabrication des clous forgés à la main ; en 1827,1a clouterie mécanique fut importée d'Angleterre et fit à la clouterie à main une concurrence redoutable et même mortelle (*). » Dans son ouvrage sur l'Industrie des Ardennes, M. Nivoit a décrit en détail la fabrication mécanique des clous; nous n'avons rien à y ajouter; nous mentionnerons seulement, comme principales clouteries, celles de MM. Gailly frères, Husson à Charleville, de la Société Lefort et C ie à la Forge, à Mohon et à SaintMarceau. I*) MEYRAC,

Géographie illustrée des Ardennes.

DANS

LES

ARDENNES

FRANÇAISES

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Tout autre a été l'évolution de la boulonnerie. Elle aussi a débuté par la fabrication des boulons à la main. En consultant l'ouvrage de M. Nivoit (p. 229), on voit qu'en 1869, époque où fut écrit ce livre, il n'était nullement question de la fabrication mécanique des boulons. Tout ce qui existait dans ce sens, c'étaient simplement des ateliers de filetage des boulons et de taraudage des écrous. Disons tout de suite que ces ateliers semblent n'avoir subi presque aucun perfectionnement. D'ailleurs, la fabrication du boulon à la main est loin d'être disparue. Encore aujourd'hui «un grand nombre d'ouvriers, surtout dans la vallée de la Semoy, travaillent chez eux, et ils envoient aux usines le boulon prêt à être fileté et l'écrou prêt à être taraudé ». Toutefois il faut signaler la disparition des petites tarauderies à main que les femmes manœuvraient chez elles, tout en vaquant aux occupations de leur ménage. Dans les grandes usines également, on fait encore le boulon k la main, quand la commande ne vaut pas la peine de monter un outil spécial, ce qui exigerait une perte de temps supérieure k celui qu'emploierait un ouvrier pour fabriquer une cinquantaine de boulons. L'ouvrier k la main, en effet, n'a recours à personne; il coupe son fer lui-même, fait son boulon, lequel n'a besoin d'aucun ébarbage. Mais aujourd'hui la majeure partie des boulons se fabrique mécaniquement. Et il convient de faire dans cette, fabrication mécanique deux divisions qui sont le simple résultat des progrès réalisés dans cette voie : d'une part, la boulonnerie mécanique ordinaire, de beaucoup encore la plus répandue ; d'autre part, la boulonnerie pei'fectionnée, faisant usage de machines américaines, dont le brevet acheté par la maison Maré, Gérard et Mialaret, de Bogny, assure k celle-ci le monopole de la grande fabrication ardennaise. Tome XII, 1907.

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