Annales des Mines (1907, série 10, volume 11) [Image 155]

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MISSION GÉOLOGIQUE ET MINIÈRE

Si-Kiang-Ho, qui vient de Sin-Chin, et la rivière de LinNgan, ou Lin-Ngan-Ho. Voici quelques détails sur le cours de chacune de ces rivières. Le Pa-Ta-Ho, entre Y-Léang (altitude, 1.500 mètres) et Kouei-Tien '(altitude, 1.000 mètres), coule du Nord au Sud dans une gorge de 180 kilomètres de longueur, et qui serpente au milieu de montagnes élevées et abruptes (2.500 à 2.800 mètres). Cette coupure, cette fissure profonde ne s'élargit, pour ainsi dire, que d'une façon accidentelle en donnant naissance aux petits cirques de Po-Si, Sine-Tien-Seu et Pou-Tchao-Pa, qui furent autrefois des lacs (hypothèse vérifiée pour les deux dernières localités). Les régions qui entourent la rivière du Pa-Ta-Ho sont parmi les plus élevées du Yunnan, de sorte qu'on a l'impression étrange d'un faite montagneux qui aurait été tranché dans sa longueur par un énorme fossé. Il faut chercher, je crois, l'explication de ce paradoxe géographique dans l'allure spéciale des strates, qui paraissent être, ainsi que nous le verrons dans le chapitre destiné à la géologie, plus tourmentées et disloquées dans la zone du Pa-Ta-Ho que partout ailleurs. Le travail de désagrégation et de dissolution des eaux s'est donc effectué là avec une rapidité tout exceptionnelle. En un mot, larivière du Pa-Ta-Ho constitue, je pense, le canal naturel où les eaux, d'abord peut-être exclusivement souterraines, puis à la fois souterraines et à ciel ouvert, ont dû se réunir. Ceci n'est point une supposition gratuite. En descendant le long du Pa-Ta-Ho en pirogue de Po-Si à Si-Tché-I, j'ai été frappé de voir les effets considérables de l'érosion souterraine des eaux : j'ai traversé des masses de calcaire puissant (Permien) où les strates verticales étaient comme décollées les unes des autres par la circulation des eaux. La rivière de Lou-Nan, affluent de gauche du Pa-Ta-Ho,

DU YUNNAN MÉRIDIONAL

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allonge d'abord ses méandres dans la plaine de Lou-Nan (altitude, 1.600 mètres environ), puis, tout d'un coup, elle s'enfonce profondément à travers le massif montagneux (altitude, 2.000 mètres) qui sépare Lou-Nan de Lou-FonTsen (altitude, 1.300 mètres) ; dans cette partie inférieure de son cours, elle n'est plus, d'après ce qui m'a été rapporté, qu'une succession de grandes cascades. Les émissaires des lacs de Tang-Che et de Cheng-Kiang, affluents de droite du Pa-Ta-Ho, sont également très encaissés. Celui du lac de Cheng-Kiang réalise particulièrement le type de la coupure étroite et profonde avec des ressauts gigantesques. Un Ingénieur de la Compagnie du Yunnan qui a fait l'étude du tracé de chemin de fer passant par Cheng-Kiang (projet abandonné) m'aafnrmé qu'en certains points les parois latérales du ravin sont à peine espacées de quelques mètres à la partie supérieure des aplombs. Il est fort probable que ladite rivière a eu un cours souterrain avant de couler à l'air libre. La rivière de Si-Kiang prend son origine au Nord de la plaine de Sin-Chin, dans un étroit couloir qui conduit à la plaine de Yunnan-Sen. La tête de ce couloir reculant rapidement vers le Nord, grâce à la friabilité du terrain composé de schistes gréseux, on peut prévoir le moment, géologiquement prochain, où la rivière de Si-Kiang se soudera à celle qui coule en sens opposé, avec une pente faible, vers Kouen-Iang, et formera un nouvel émissaire du lac de Yunnan-Sen vers la rivière de Canton, à la place de l'émissaire actuel dont les eaux coulent vers le fleuve Bleu. La rivière de Si-Kiang traverse paisiblement les plaines de Sin-Chin, Siao-Kai, Kouan-I. D ans les autres parties de son cours, entre ces plaines et en aval de celles-ci, e 'le coule dans des gorges resserrées, quoique plus ouvertes et moins profondes que celles du Pa-Ta-Ho. La rivière de Lin-Ngan, après avoir recueilli les eaux