Annales des Mines (1906, série 10, volume 9) [Image 81]

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PRINCIPES DES MÉTHODES D'ANALYSE MINÉRALE

FONDÉES SUR LES RÉACTIONS CHIMIQUES

tration et de la température, en un précipité très fin de

deux couches très distinctes : au fond, les grains les plus gros, inaltérés, de couleur foncée; au-dessus, un dépôt blanc formé par les grains les plus fins, décomposés par l'eau et dévitrifiés (*). L'examen micrographique de la poudre d'émail ainsi conservée sous l'eau pendant plusieurs années m'a montré que les grains les plus fins restés inaltérés par l'eau ont une dimension ^ 2 \>..

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soufre. C'est la deuxième condition (grains les uns plus gros r les autres plus petits que e) qui est réalisée le plus souvent dans la formation des précipités très fins, sulfate de baryte, oxalate de chaux, etc., obtenus en liqueurs déconcentrations moyennes ; en laissant reposer longtemps le précipité au sein de l'eau-mère, on laisse aux grains < s le temps de se redissoudre et d'accroître les grains ^ s, cet accroissement des grains les plus gros étant d'ailleurs d'autant plus rapide que la température est plus élevée, en raison de la rapidité plus grande à chaud qu'à froid dans la diffusion des molécules dissoutes. C'est vraisemblablement dans un phénomène du même ordre qu'il faut chercher l'explication de l'attaque beaucoup plus aisée et rapide des silicates par les acides et même par l'eau, du wolfram par l'eau régale, du fer chromé par le peroxyde de sodium fondu, etc., quand ces corps sont réduits en poudre extrêmement fine par porphyrisation au mortier d'agate et passage au tamis de soie. L'action chimique de l'eau sur les silicates alcalinoplombeux (employés comme émaux translucides sur or ou cuivre), suivant la grosseur des fragments, donne en effet, ainsi que je l'ai constaté, des phénomènes de tous points comparables à l'accroissement de solubilité par la finesse du grain. L'émail en gros grains peut être conservé pendant des années sous l'eau sans subir de décomposition sensible; si on le broie finement, et qu'on le met en suspension dans l'eau, les grains les plus fins sont instantanément décomposés par celle-ci, qui leur enlève une partie de l'alcali et les rend opaques, tandis que les grains les plus gros restent translucides et inaltérés. Le phénomène est particulièrement net avec des émaux très foncés (émaux bleus à l'oxyde de cobalt par exemple), où l'on voit, après agitation et repos, les grains se classer en

Influence de la tension superficielle sur l'accroissement de grosseur des grains. — La seconde cause qui tend à faire croître les grains les plus volumineux aux dépens des plus petits, même après que la sursaturation due à la finesse du grain a été détruite, est la tension superficielle qui doit exister à la surface de séparation entre le précipité et l'eau-mère — même sans aucune action dissolvante en jeu — comme celle que l'on constate à la surface de séparation de deux fluides non miscibles et qui produit les phénomènes de capillarité : cette tension superficielle tend à diminuer le plus possible la somme des surfaces existantes, de manière à faire occuper à un même volume du corps la plus petite surface possible. On peut constater cette influence plus facilement que sur des précipités en agitant violemment deux liquides non miscibles dans une fiole : l'émulsion de fines gouttelettes d'apparence homogène, ainsi produite, finit par se résoudre en deux masses uniques, ou tout au moins en grosses gouttes nettement séparées. C'est un phénomène bien connu pour les mélanges d'eau et d'huile, d'eau et de mercure : là on peut invoquer la différence de densité comme aidant à cette liquation ; mais on le produit tout [*) Ce phénomène de ,léritrification est bien connu des fabricants Q émaux de Limoges. Les praticiens l'attribuent à l'action du broyane seul, explication inexacte, car les grains les plus fins broyés à sec restent translucides, et c'est l'action chimique de l'eau seule qui produit cet ellet que ne donnent pas la benzine, le pétrole, etc.