Annales des Mines (1906, série 10, volume 9) [Image 19]

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OBSERVATIONS GEOLOGIQUES

J.-B. Dumas avait, eu outre, signalé des traces d'oxyde de zinc. Cette température et cette minéralisation s'expliquent aisément par une descente à 1.000 mètres de profondeur dans les grès à bilobites. Un point seul est intéressant à noter pour notre théorie, c'est l'absence presque complète de fer dans l'analyse. Il existe, en effet, dans toute la région et à Bagnoles même, une couche de carbonate de fer d'environ 2 mètres d'épaisseur, transformée en hématite à la superficie et formant un niveau continu, sur lequel la société de Denain et Anzin vient de reprendre d'anciens travaux d'exploitation (*), à la base des schistes d'Angers, au-dessus des grès à bilobites, qui encaissent la source thermale. L'absence de fer dans l'eau thermale prouve que celle-ci n'a pas, comme on aurait pu le supposer d'abord, touché à ce contact, mais est restée localisée dans les larges fissures du grès à bilobites. Le fait est d'autant plus démonstratif qu'à environ 50 mètres au Nord de la source thermale, en se rapprochant du contact des schistes, une venue d'eau froide superficielle à 13° est très ferrugineuse (source des Fées), et que tous les puits du village de Bagnoles sur ce contact donnent de mauvaise eau ferrugineuse. Si nous examinons maintenant la topographie de la région avoisinante, nous voyons que la source est à la cote 172, sur le point le plus bas d'une longue crête rectiligne formée par les grès à bilobites, qui, vers l'Ouest, s'élèvent progressivement à 281 (la Roche Cropet) et, vers l'est, arrivent même à 324 dans la forêt de Monaye. Sur toute cette zone d'un terrain très fissuré et présentant même à sa base une couche d'arkose sableuse, il se fait évidemment une infiltration d'eau superficielle très notable. Les ruisseaux, qui (*) Voir PRALON, les Minerais de fer carbonate de Normandie [Ann. d. Mines, février 1901).

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SUR QUELQUES SOURCES THERMALES

forment une série de vallées parallèles à la crête sur les schistes d'Angers ou les grès de May (ruisseau du Fiefaux-Bœufs, ruisseau de la Prise Pontin, ruisseau de la lande de Luce, etc.), ne représentent qu'une faible fraction des précipitations pluviales. Une autre partie de ces eaux s'infiltre et ressort assez vite sous forme de sources froides abondantes autour de Bagnoles. Le reste doit descendre à 1 .000 mètres de profondeur et remonter par la fracture N. S. de Bagnoles en se dispersant dans la série des cassures voisines. L'existence de failles parallèles à l'Est, l'altitude immédiatement plus élevée des coteaux de l'Ouest laissent supposer que c'est cette région Ouest qui concourt surtout et peut-être uniquement à cette alimentation thermale. Pour de semblables sources en terrains fissurés au voisinage d'une rivière dans une vallée encaissée, la méthode de captage par pressions hydrostatiques se présente naturellement à l'esprit. Autant il est impossible d'aller chercher directement des sources fuyantes au milieu d'un terrain disloqué et crevassé en tous sens, qui constitue un véritable crible des Danaïdes, autant il serait logique, dans ce cas, de surcharger toutes les zones où l'eau thermale parait se perdre, au moyen d'une pression hydrostatique facile à établir par un barrage, de manière à la refouler vers des points d'élection utiles. En fait, le simple établissement dlune vanne en planches suffit, comme l'ont montré avec une netteté admirable les deux exemples de Cestona et de Bagnoles, à obtenir ainsi une amélioration notable du débit, sans qu'il y ait, pour cela, le moindre mélange d'eau superficielle, qui se trahirait aussitôt par un abaissement de la température et de la composition chimique. J'ai déjà traité cette question à propos de Cestona ; mais il peut y avoir à insister un intérêt que je qualifierai de psychologique. Cette méthode si simple et si rationnelle est, en effet, parfois impossible Tome IX, 1906.

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