Annales des Mines (1905, série 10, volume 8) [Image 209]

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EXPÉRIENCES DE FRAMERIES

pas plus aujourd'hui qu'il y a sept ans, nous ne pensons qu'il faille renoncer à la simplicité de la formule française pour la remplacer par d'autres méthodes dont nous n'entrevoyons pas la supériorité et qui, d'ailleurs, ne contredisent pas le principe français des températures de détonation. Tous les explosifs considérés comme de sûreté par M. Heise ou M. Watteyne ont en effet des températures de détonation inférieures à 2.200°, comme l'exigela théorie française ; la seule différence, c'est que les charges-limites ne sont pas, avec des explosifs de natures différentes, dans l'ordre que leur assigneraient les températures de détonation. Toutefois, en examinant le tableau récapitulatif de M. Watteyne, on peut, à première vue, être effrayé pour la sécurité de nos mines françaises par le médiocre classement des explosifs au nitrate d'ammoniaque, seuls employés jusqu'à présent chez nous comme explosifs de sûreté. Cette crainte ne nous paraît pas résister à un examen sérieux des résultats obtenus à Frameries, surtout quand on les compare à ceux obtenus en France ou en Allemagne. Nous ferons tout d'abord observer que pas un seul des explosifs usités et fabriqués en France n'a été essayé à Frameries. Il n'y a, comme explosifs analogues aux nôtres dans le tableau de M. Watteyne, que l'explosif formé de 24 p. 100 de nitroglycérine, 1 p. 100 de nitrocellulose et 75 p. 100 de nitrate d'ammoniaque, comparable à notre grisoutine-roche, par conséquent à température de détonation assez élevée, et le Favier IV, de fabrication belge, de même composition que notre grisoutine-couche, mais avec substitution de la binitronaphtaline à la trinitronaphtaline, ce qui a pour effet d'élever la température de détonation d'un peu plus de 100°. Ensuite il y a lieu de remarquer que, dans les essais de Sevran-Livry, les charges d'explosifs au nitrate d'am-

RÉSULTATS OBTENUS AVEC LES EXPLOSIFS DE SÛRETÉ

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moniaque et à la nitroglycérine, qui n'ont pas allumé le grisou, ont été quatre fois plus fortes au moins qu'à Frameries pour des compositions analogues, en cartouches nues, alors que, d'après les essais de M. Heise et ceux delà Commission française, on trouve généralement des charges-limites plus faibles avec ce système qu'avec le tirage au mortier sans bourrage. Les expériences de M. Winkhaus (citées page 24- de notre note de 1898) sur les mélanges de nitrate d'ammoniaque et de binitrobenzol donnent aussi de très fortes chargeslimites pour ces mélanges, lorsqu'ils sont au-dessous de 1.700° de température de détonation. Il ne faut donc voir, dans le mauvais classement des explosifs au nitrate d'ammoniaque résultant des essais de Frameries, qu'une conséquence de la divergence des résultats suivant l'appareil d'expériences, comme nous l'avons montré dans notre note de décembre 1898, et suivant l'état physique du mélange, comme le prouve l'exemple classique de la Dahménite A dans les expériences de M. Heise. Réciproquement, on est en droit de penser que les mélanges complexes, qui ont donné de si fortes chargeslimites dans les expériences de M. Watteyne comme dans celles de M. Heise, auraient pu donner des résultats beaucoup moins brillants avec d'autres dispositifs produisant une détonation plus complète que dans l'appareil de Frameries ; le vide considérable existant entre les cartouches et les parois du mortier (variant entre la moitié et les deux tiers de la section libre totale) a pu en effet agir dans le sens d'une détonation incomplète, et l'on aurait eu sans doute des résultats fort différents si l'explosif avait rempli exactement la capacité du mortier, comme l'ont montré les expériences de la -Commission française (voir pages 253 et 273 du Rapport de Mallard). On est mémo en droit de s'étonner que les expérimen-