Annales des Mines (1905, série 10, volume 8) [Image 133]

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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

des ouvriers. Dans le bassin houiller de Westport (N. Z.), bien que la loi néo-zélandaise reproduise presque textuellement les dispositions ci-dessus citées de la loi de la Nouvelle-Galles du Sud, le «check-weigher» n'existe point; les ouvriers n'ont pas cru, jusqu'ici, qu'il fût nécessaire pour sauvegarder leurs intérêts, et ils ont jugé la dépense trop élevée par rapport aux résultats à en attendre. Il est bon, d'ailleurs, de rappeler que le développement des haveuses dans les mines de ce district a diminué beaucoup le nombre des ouvriers payés au tonnage, c'est-à-dire le nombre de ceux qui pourraient retirer quelque bénéfice de l'existence du check-weigher, et qui seraient seuls légalement tenus de contribuer à ses appointements. Les dispositions légales relatives aux mines métalliques ne contiennent rien de semblable, car ce n'est qu'exceptionnellement que les ouvriers sont rémunérés d'après le poids de minerai extrait. Lorsqu'ils ne sont pas payés purement et simplement à la journée, ils travaillent le plus souvent à l'entreprise, et leur salaire est déterminé d'après des mesurages qui peuvent avoir lieu contradictoirement avec les intéressés eux-mêmes et qui peuvent être contrôlés à tout moment. Dans le seul cas de travail aux pièces proprement dit, institué' normalement, que j'aie eu à relever (mines de cuivre de Cobar, en NouvelleGalles du Sud), les ouvriers sont payés non pas exactement d'après le poids du minerai produit, mais d'après le nombre des bennes extraites, ce qui se prête à un comptage très aisé et facile à vérifier. Mais à Broken-hill, où les contrats comportent, comme j'aurai l'occasion de l'indiquer ci-après, un paiement à tant par tonne, le « check-weigher » retrouve toute son utilité. Aussi, lorsqu'en 1899 les Compagnies minières de Broken-hill ont imposé aux ouvriers travaillant à l'en-

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treprise la substitution de la tonne produite au mètre cube abattu comme base de leur rémunération, les ouvriers ontils réclamé et obtenu le droit de faire vérifier la façon dont est établi le compte de chaque chantier. C'est ainsi que les mineurs de la Compagnie <; Broken-hill Proprietary » , au nombre de 1.000 environ, n'entretiennent pas moins de 3 peseurs-contrôleurs (check-weigher) et de 1 contrôleur-comptable (check-clark), chacun au salaire de lOsh. (12 fr. 50) par jour, pour assurer cette vérification. J'indiquerai ci-après, en même temps que pour le travail à l'entreprise, quels peuvent être les salaires que gagnent les ouvriers mineurs sous l'empire des deux systèmes de rémunération, à la pièce et à l'entreprise, et quelles sont les variations qu'ils subissent, tout comme les salaires ii la journée d'ailleurs, avec les cours du charbon ou des métaux. § IV.

— TRAVAIL A L'ENTREPRISE.

Le travail à l'entreprise (contract System) est organisé le plus souvent dans des conditions qui ressemblent fort à celles des « marchandages » de nos mines du Nord et du Pas-de-Calais : le travail à exécuter, soit traçage d'une certaine galerie, soit dépilage d'un lopin déterminé de la couche ou du filon en exploitation, est mis en adjudication entre les ouvriers ; ceux-ci doivent se constituer en groupe (*) pour effectuer, moyennant un prix unitaire à fixer, l'ensemble d'un travail généralement important et susceptible d'occuper une dizaine ou une quinzaine d'entre eux durant quelques mois. C'est en principe l 'équipe qui fait la soumission la plus basse qui l'emporte ; néanmoins la direction se réserve la faculté discrétionnaire d'écarter tels soumissionnaires qu'elle voudra, même ceux (*) Un tel groupe est généralement formé de plusieurs associés et de manœuvres qu'ils salarient.