Annales des Mines (1905, série 10, volume 7) [Image 235]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

462

L'EXPLOITATION

DU

PÉTROLE

EN

ROUMANIE

de la production (30 à 40.000 wagons), et, comme les exploitations actuelles étaient encore insuffisantes, elle offrait aux producteurs des avances de capitaux pour leur permettre de développer leurs installations. Malgré son caractère assez vague, un tel programme n'avait rien de bien menaçant, et tous les exploitants l'ont accueilli avec enthousiasme, le considérant comme une source inespérée de richesses. Seul, le Gouvernement, suivi d'une partie de la presse, crut devoir prendre à nouveau une position hostile. Des discours publics furent prononcés, où l'on parla « d'accaparement, d'asservissement économique, de trust dangereux ». C'était absolument déplacer la question et faire preuve vis-à-vis de l'industrie nationale d'une sollicitude qu'elle était la première à juger inopportune. En présence de l'attitude intransigeante du Gouvernement, les représentants de la Standard Oil quittèrent la Roumanie au mois de juin 1003. Ce deuxième insuccès ne découragea pas la Société, qui envoya trois autres délégués au mois de novembre suivant, Après huit mois d'études, on décida la création d'une Société indépendante, désignée sous le nom de Société Roumano-Américaine, au capital de 2. 500. 000 francs, ayant son siège social à Bukarest. Son programme est de forer 12 sondages en divers points du pays, de construire une raffinerie et d'établir enfin de nombreux réservoirs pour l'emmagasinement du pétrole brut. Les travaux de cette Société seront naturellement suivis avec un intérêt tout particulier ; il importe d'ailleurs de noter l'insistance avec laquelle la Standard Oil cherche à prendre pied dans les entreprises pétrolifères de Roumanie. Le Congrès du Pétrole. — Le Gouvernement fut de nouveau appelé, en 1902-1903, à intervenir directement dans les discussions relatives au pétrole. La Roumanie avait eu l'honneur, en 1900, d'être choisie comme siège du

L'EXPLOITATION

DU

PÉTROLE

EN

ROUMANIE

463

Congrès du Pétrole, qui devait se réunir en 1902. C'était une excellente occasion de faire enfin connaître au monde l'étendue des richesses disponibles, de prendre contact avec les ingénieurs les plus compétents et les capitalistes les plus sérieux, de faire enfin cesser par une démonstration sur place le discrédit dont le pétrole roumain était encore l'objet. On se mit à l'œuvre, mais sans enthousiasme. Des questions de personnes furent malencontreusement soulevées, et parmi les exploitants eux-mêmes se dessina bientôt un courant hostile au Congrès. Le Gouvernement, de son côté, qui avait promis son concours, se montra indifférent et inactif ; il refusa même d'accorder une subvention de 85.000 francs destinée à compléter les cotisations des particuliers. On décida, en 1902, d'ajourner le Congrès à l'année suivante. L'hiver passa et la question demeura stationnaire ; une série de lettres du Comité central de Paris restèrent sans réponse. Enfin, en avril 1903, le Ministre des Domaines déclara au Parlement que le Gouvernement renonçait à prendre part au Congrès, le pays ne lui paraissant pas « suffisamment préparé pour recevoir dignement ses hôtes ». La possibilité d'un Congrès sans le patronage du Gouvernement fut un instant envisagée ; mais les chances de succès étaient trop problématiques et l'on abandonna la solution. La réunion du prochain Congrès du Pétrole aura lieu à Liège en 1905. Nous ne retiendrons du refus de la Roumanie qu'un désir très légitime de se présenter à ses hôtes sous un jour avantageux. Les progrès accomplis jusqu'ici sont cependant assez importants pour permettre au pays de recevoir sans honte, tous les visiteurs. Le bilan des derniers exercices est particulièrement favorable. La production et l'exportation augmentent dans des proportions rapides ; la loi sur la consolidation des titres de conces-