Annales des Mines (1904, série 10, volume 6) [Image 146]

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DÉCOMPOSITION DES CIMENTS A

LA MER

cède facilement aux actions mécaniques extérieures qui l'attaquent, en particulier à l'action du choc des vagues. Ou bien elles sont accompagnées de gonflement, fissuration, jusqu'à une dislocation complète : ainsi, lorsque la chaux s'éteint, son hydratation, qui est un phénomène essentiellement chimique, amène un gonflement, un fendillement de toute la masse. De petites quantités de chaux renfermées dans un mortier développent des forces suffisantes pour amener parfois une désagrégation plus ou moins complète, mais qui, dans certains cas, pourra ne se traduire que par des fentes très fines, à peine visibles, et même quelquefois, par un mécanisme que nous étudierons plus loin, amènera seulement un gonflement de l'ensemble du mortier sans aucune fente apparente. L'hydratation de la chaux n'est pas le seul phénomène chimique capable de produire des fentes et des gonflements semblables : l'action des sulfates sur les mortiers produit d'une façon beaucoup plus lente ces mêmes phénomènes de désagrégation. GONFLEMENTS

DUS

A

LA

FORMATION DU

DK

SULFO-ALUMINATE

CHAUX.

En introduisant des quantités importantes de sulfate de chaux dans les ciments, on peut amener leur désagrégation plus ou moins rapide et cette désagrégation est généralement plus rapide, lorsque la conservation a lieu à l'eau de mer que lorsqu'elle a lieu à l'eau douce. La proportion de sulfate de chaux que peut supporter un ciment sans se désagréger dépend de sa nature : les ciments pauvres en alumine, quoique renfermant de la chaux libre, comme les ciments de grappier ou les ciments à prise prompte renfermant beaucoup d'alumine, mais peu de chaux, peuvent supporter des additions assez importantes de sulfate, jusqu'à 10 p. 100, sans présenter d'altération notable. Parmi les

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chaux, les plus alumineuses ne peuvent pas supporter sans se désagréger plus de 1 p. 100 de sulfate, tandis que les moins alumineuses peuvent supporter 5 p. 100. Voici un tableau montrant les résultats obtenus par M. Candlot en ajoutant à des ciments des proportions variables de sulfate de chaux et confectionnant des galettes immergées ensuite dans l'eau de mer ou dans l'eau douce : PROPORTION NATURE DES CIMENTS

Ciments Portland

à

5

p.'

100 d'alumine. .

Ciments de VassyàO p. 100 d'alumine.. Ciments de grappier à 1 p. 100 d'alumine. Chaux du Teil à 1 p. 100 d'alumine Chaux hydraulique à 3 p. 100 d'alumine. Mélang-e à 80 p. 100 de ciment de grappier 20 p. 100 ciment prompt

de sulfate de chaux

p. 100 2 3 5 5 7 10 5 7 0

3

EAtt DE MER

EAU DOCCE

intact intact fissures intact détruit fissures intact décomposé décomposé intact intact intact décomposé décoinposé fissures décomposé décomposé décomposé

La durée de ces expériences a été d'une année. L'ensemble de tous ces faits montre bien la relation intime qui existe entre l'action du sulfate de chaux et la présence de l'alumine, cette action étant d'autant plus marquée que l'alumine se trouve en présence d'un plus grand excès de chaux. Cela suffit pour établir le rôle capital que doit jouer la formation du sulfo-aluminate de chaux dans la décomposition des ciments à la mer. J'ai fait des expériences semblables en ajoutant à différents ciments et chaux des poids de 5 p. 100 et 20 p. 100 de sulfate de chaux précipité, puis conservant les briquettes soit sous l'eau pure fréquemment renouvelée, soit dans une solution saturée de sulfate de chaux non renouvelée. L'altération a été moindre en général dans l'eau pure, comme on pouvait le prévoir, puisque la dissolution du sulfate de chaux le fait peu à peu disparaître des bri-