Annales des Mines (1904, série 10, volume 6) [Image 104]

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LES CHARBONS

DU JAPON, DO PETCHILI ET DE LA MANDCHODRIE

TROISIÈME PARTIE. PRINCIPAUX ET DES

DÉBOUCHÉS

DU

CHARBON

JAPONAIS

CHARBONS D'AUTRES PROVENANCES

EN

EXTRÊME-ORIENT.

Dans l'étude rapide que nous venons de faire des principaux gisements du Nord de la Chine et du Japon, nous avons indiqué l'importance et la nature de leur production. 11 nous reste à examiner les débouchés ouverts à tous ces charbons, surtout pour le charbon japonais, dont nous avons signalé une exportation de 3 millions de tonnes. Nous allons passer en revue les principales régions où ces charbons sont expédiés, et les combustibles locaux ou étrangers avec lesquels ils peuvent entrer en concurrence. Il faut mettre à part tout de suite des combustibles qui, comme le charbon japonais, se retrouvent d'un bout à l'autre de l'Extrême-Orient, mais dont l'usage est bien différent, ce qui empêche le charbon japonais de lutter avec eux. Ce sont les combustibles de qualité supérieure qui produisent, à poids égal, beaucoup plus de vapeur que le charbon japonais et qui, pour cette raison, sont spécialement recherchés par les marines de guerre. En tête de ces combustibles vient le charbon de Cardiff. Il a sur le charbon japonais l'avantage énorme de produire à poids égal une quantité de vapeur supérieure d'un tiers, ce qui donne aux navires de guerre des rayons d'action beaucoup plus étendus. De plus, il ne produit que peu de fumée, tandis que les navires où l'on brûle du charbon japonais, qui est très gras, sont suivis par d'épaisses colonnes de fumées, quelle que soit l'habileté des chauffeurs. Le charbon de Carditl' est consommé par la ma-

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rine anglaise et accidentellement par les marines de guerre étrangères. La quantité qui en arrive en ExtrêmeOrient et son prix d'achat varient suivant l'activité des navires de guerre. Le prix de la tonne de Cardiff était, en 1901, à la suite de l'insurrection des Boxeurs, de 48 francs à Singapour et de 72 francs à Nagasaki, tandis qu'en 1903 les prix dans ces deux ports étaient redescendus respectivement à 37 francs et à 51 francs. Ces derniers prix sont néanmoins ceux d'un combustible de luxe. Tel est également le charbon américain, dont la marine américaine fait en partie usage. 19.000 tonnes en ont été importées au Japon en 1902. Les douanes de Tche-fou, port d'attache habituel de l'escadre américaine, en signalent un millier détonnes pour lamèmeannée. Ce combustible, qui est surtout du charbon très pur de Pocahontas, est très comparable au Cardiff. Enfin d'autres combustibles très supérieurs au charbon gras japonais sontlesbriquettes.il y en a deux fabriques en Extrême-Orient, l'une à Daniokoubî, à quelques kilomètres au Sud de Nagasaki, l'autre à Hongay, au Tonkin. Les briquettes japonaises sont fabriquées avec un mélange par parties égales de charbon gras de Takashima et d'anthracite d'Amakusa. Comme agglomérant, on se sert, paraît-il, d'un brai naturel qu'on trouve en affleurements dansla grande île Honshu. La production de briquettes ne dépasse pas 50.000 à 60.000 tonnes, qui sont entièrement consommées par la marine japonaise. La marine française a essayé de s'en servir, car elles ne sont vendues que 40 francs la tonne ; mais cet essai n'a pas été favorable, vraisemblablement par suite du peu de cohésion des briquettes. Les briquettes tonkinoises sont faites avec de l'anthracite de Hongay (70 p. 100) et du charbon gras japonais (30 p. 100). Le brai vient d'Angleterre et est très