Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 210]

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AFFAISSEMENTS PRODUITS PAR L'EXPLOITATION DU SEL

EN MEURTHE-ET-MOSELLE

« Le duc Ferri III, qui commença nos affranchissements, achetala moitié des salines de Rosières en 1291, de la maison de Lenoncourt, qui les avoit eues ainsi que la ville, en échange, du duc Mathieu I er , cent ans auparavant, pour le château de Nancy. Ferri et le sire de Blâmont avoient déjà partie de ces salines alors, le Duc ayant acquis en 1257 la part qu'y possédoit Régnier d'Haussonville ; l'illustre maison qui avoit la terre et le nom de Rosières l'échangea pour celle de Lignéville qui devint son titre.

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hêtre à 15 et 18 livres. La consommation de la ville de Nancy étoit, en 1787, de 40.000 cordes de bois pour une population d'environ 33.000 âmes.) « Le 19 mars 1739, on y commença un bâtiment de graduation de 3.496 pieds de longueur, 43 de hauteur et 24 de largeur, qui poussa l'eau à 11°, et fit réduire à six le nombre des poêles qui étoit de neuf auparavant. Au lieu de 33 à 40 muids, elles en fournirent d'abord jusques à 120, en ne consommant qu'une corde de bois par muid de sel ; mais, en 1752, le produit ne fut plus que de 50 muids, et l'on fit si bien depuis le mois d'octobre 1756, qu'en creusant le puits de 28 pieds au-dessous du niveau de la rivière la source vint à 1° seulement de salure par le mélange de l'eau douce, et lafabrique de sel cessa en 1757; enfin, après des dépenses énormes, la saline fut supprimée par arrêt du conseil du 22 mars 1760, le puits comblé et le bâtiment de graduation détruit. » Piroux signale, en outre, la découverte, en 1748, d'une source salée à Dombasle, « en travaillant sous-œuvre à la réparation d'un pont », et d'« une autre source dans le lit du Sanon entre ce village et Sommerviller ». En somme, le Saulnois de Meurthe-et-Moselle, région du Sanon et de Rosières, était bien moins riche que celui de la Seille, où le sel est en général à moins grande profondeur, moins protégé des eaux douces superficielles. Toutes ces sources, qui se manifestaient à la surface du sol, dans le thalweg des vallées, par l'existence d'une végétation spéciale et par des efflorescences salines en saison sèche, étaient, pourl'exploitation, captées et isolées des nappes douces superficielles, au moyen de puits profonds de quelques mètres et aussi étanches que possible.

« Après soixante-dix-neuf ans d'interruption par la disette de bois, Christine de Danemark, duchesse de Lorraine, rétablit ces salines en 1563. En 1629, 100 livres de leur eau donnoient 7 livres 3/4 de sel. On employoÉ alors une corde et demie de bois pour cuire 1 muid. La source descendit à 5°; elle ne rendoit plus que 4 livres 2 onces, le 31 mai 1679, suivant le procès-verbal dressé par M. de Gharuel, intendant de Lorraine pour la France; les entrepreneurs étoient obligés de rendre au roi 6.500 muids de sel par année. « Le 3 juin suivant, on avoit 5 livres 2 onces de sel sur 100 livres d'eau. Le puits avoit 24 pieds de hauteur. En 1737, la source n'étoit plus qu'à 4° et le muid de sel pesoit au magasin 684 livres. Le duc Léopold tiroit en 1711 près de 100.000 écus de cette saline ; elle consumoit alors environ 12.000 cordes de bois par année. (Quel seroit le prix du bois à Nancy et à Luné ville, si cette saline eût subsisté ? En 1585, la corde se vendoit dans la première de ces villes 4 francs 8 gros faisant 10 livres 5 sols monnoie de France actuelle, et le 100 de fagots 4 livres. « En 1662, la corde étoit rendue sur le port à Rosières à 4 livres 15 sous de Lorraine, faisant 4 livres 5 sols de France d'aujourd'hui.

III. Industrie actuelle. — La découverte du sel gemme, en 1819, dans une recherche près de Vie, et, en 1821, dans un sondage à Rosières, fut l'origine d'une révolution

« A présent le chêne est à 12 livres de France, et le