Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 40]

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RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

était très chargé en magnésie. Cependant, certaines analyses, se rapportant précisément à des échantillons de la baie Ngo à faible teneur, nous ont été communiquées, qui indiquaient d 'une part des quantités d 'alumine et de magnésie très supérieures à celles qui auraient pu être combinées à la silice de la gangue, et, d 'autre part, des teneurs en fer inférieures à celles qui correspondraient à sa combinaison au chrome à l'état de chromite de fer; cela ferait supposer qu'il existait dans ces échantillons de la picotite plus ou moins pauvre en chrome ; néanmoins, les quantités des différents éléments correspondaient assez mal à une semblable hypothèse, nous ne pouvons donc pas considérer la chose comme étant bien établie. C'est un point qui mérite cependant d 'attirer l'attention des chercheurs comme pouvant leur réserver éventuellement des mécomptes. L'abondance du fer chromé en Nouvelle-Calédonie est telle que, dès la première exploration géologique de l'île faite par M. Garnier, celui-ci fut frappé de la fréquence avec laquelle s'y montre ce minerai, qu'il déclare être « le lien commun et le compagnon constant (*) » des diverses roches magnésiennes : il mentionne sa présence à la fois en grains dans les schistes serpentineux, en cristaux dans les serpentines, en masses ou amas dans les argiles, et enfin sous forme de sables sur les rivages et dans le lit de certains ruisseaux ; mais il ne retient, comme étant exploitables avec profit, que les gîtes en amas dans les argiles. Il signale la possibilité d 'exploiter, à raison de 11 fr. 50 par tonne, un semblable amas qui existait au Mont-Dore, et dont le minerai aurait tenu 61,333 p. 100 de sesquioxyde de chrome. Il ajoute qu'un tel minerai aurait pu, à l'époque, être vendu en France à raison de 200 francs la tonne. (*) Loc. cit., p. 81.

MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES

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Lorsque, dix ans plus tard, M. Heurteau dressait un inventaire des richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie, il reconnaissait, avec M. Garnier, l'abondance du fer chromé, mais il regardait comme beaucoup trop faible le prix de revient sur place, estimé à 11 fr. 50, pour le minerai du gisement en question, et, tenant compte du fret, qui était alors aux environs de 100 francs de Nouvelle-Calédonie en Europe, il arrivait à cette conclusion que le prix de vente de 150 à 160 francs, qui était celui sur lequel il fallait chiffrer alors, laisserait sans doute une marge suffisante pour pouvoir faire une exploitation régulière et bien conduite. Il exprimait l'espoir que l'initiative individuelle tenterait pareille entreprise, qui n'avait pas été essayée jusquedà. D'après les indications de la statistique des exportations, ce n'est qu'en 1880 que cette tentative eut lieu pour la première fois : elle fut immédiatement couronnée de succès, puisque de 500 tonnes en 1880 l'exportation s'est élevée l'année suivante à 2.300 tonnes, pour se maintenir pendant une dizaine d'années entre 2.000 et 3.000 tonnes par an, pour atteindre dans les dernières années une moyenne de plus de 1< 1 .000 tonnes, et même pour s'élever à 17.600 tonnes en 1901. Voici d'ailleurs comment elle s'est répartie entre les différents gisements en 1901 : tonnes.

Dôme de Tiebaghi (2 exploitations) Baie Ngo (2 exploitations) Bassin de la rivière des Pirogues (une exploitation avec évacuation du minerai par la baie Ngo) Groupe de la rivière de Pourina(2exploitations). . La Coulée (une exploitation) Cap Goulvain (une exploitation) Baie Ouié

2.430 4.600

TOTAL

17.649

8.533 1.284 300 280 202

Ce ne sont guère jusqu'ici, sauf quelques exceptions pas-