Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 7]

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NOTE SUR LES MINES DE BITUME

sables coquilliers, avec Cardites et Cérithes abondants, des gypses présentant en abondance la mâcle caractéristique en fer de lance, le tout reposant sur un calcaire très dur et noirâtre, qui est en quelque sorte la base du massif. Nous avons dit terrain tertiaire : c'est à dessein que nous ne nous servons pas de la désignation de pliocène, employée par M. Coquand. En effet, ce géologue (*) a pu trouver les signes caractéristiques du pliocène, mais il a fait erreur en émettant l'assertion que c'est au milieu des grès et des poudingues, dans la partie supérieure du pliocène, que le bitume se trouve emprisonné. Le bitume, en réalité, se trouve dans la série des terrains différents, sous des aspects très divers, et le gisement de Selenitza est certainement, à ce point de vue, l 'un des plus curieux et des plus intéressants qui se puissent rencontrer, en même temps qu'un des plus complexes en apparence. Tout ce qui suit précisera la question, et la genèse du gisement explique d'elle-même la variété des couches dans lesquelles il se trouve. Gisements bitumineux. — Le bitume se rencontre à Selenitza sous les quatre formes suivantes, parfaitement distinctes et parfaitement caractérisées : 1° Bitume solide mat; 2° Bitume solide brillant; 3° Bitume liquide ; 4° Asphalte. 1° Bitume solide mat. — Ce minerai se présente sous la forme d'amas irréguliers, ou, pour mieux dire, de poches disséminées, sans aucun lien de l'une à l'autre, d'une épaisseur variant de quelques centimètres à quelques (*) Coquand, Bulletin de la Société géologique, 2' série, t. XXV, 1868.

EXPLOITÉES EN ALBANIE

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mètres, toujours assez voisines de la surface, rarement profondes de plus de 10 à 12 mètres. Le bitume a une cassure conchoïdale, une belle couleur noire, une assez grande homogénéité. Les parois des poches ainsi que le fond sont le plus généralement nets, exempts de toutes bavures et do tout suintement dans le terrain encaissant. Ce dernier est d'ailleurs le plus généralement une argile jaunâtre compacte ou plus ou moins sablonneuse. Parfois le minerai se rencontre, avec la même allure d'ailleurs, dans des poudingues, et dans ce cas les contours en sont plus indécis : il y a même des sortes de nerfs, de brèches de bitume plus ou moins disséminés au travers du terrain. Dans ces conditions,, le volume des poches est toujours très petit. Ce sont, pour ainsi dire, des mouche? éparpillées. De direction, d'inclinaison, de stratification, voire même d'allure générale, il n'y a nulle trace. On trouve toutes les formes, tantôt semblables à de petits filons, tantôt analogues à des flaques solides ; on rencontre toutes sortes de croisements, de zigzags, de renflements et d'amincissements, des cessations brusques en plein banc d'argile, etc.. En un mot, c'est la plus parfaite absence de règle comme de régularité. La meilleure description est celle-ci : imaginons que, par suite de retraits ou de craquements, ou de fendillements, tels que ceux d'une terre après les pluies sous l'effet d'un ardent soleil d'été, le sol ait présenté des cavités et des gerçures extrêmement variables ; que le bitume soit venu s'y répandre en nappe superficielle à l'état visqueux, et s'y soit solidifié, tant par refroidissement que par perte d'une partie de ses matières volatiles ; qu'ensuite un balayage postérieur se soit produit par des eaux ayant déposé des éléments alluvionnaires sur les flaques bitumineuses solidifiées : on aura l'image exacte du gisement considéré.