Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 143]

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RICHESSES MINÉRALES DES POSSESSIONS RUSSES

L'Ougous-bas, le sommet principal de la chaîne, dresse à plus de 5.000 mètres sa tête chargée de glaces, et ses parois, comparables à celles du Wetterhorn, dominent encore la plupart des autres cimes de la crête syénitique. Le Narine, qui est la source maîtresse du Sir, naît sur le versant méridional du Terskei-Ala-taou, au milieu des tourbes du col de Barskaoun ; mais d'autres affluents, plus méridionaux, proviennent de la région des glaciers d'Ak-Chirak, au Sud desquels s'écoulent les rivières du bassin kachgarien de l'Aksou. Une grande partie de la région comprise entre le Terskei-Ala-taou, au Nord, et le Kochchaal, au Sud, forme une large plaine ou Sirt, revêtue de grès, de marnes bigarrées, de gypses et de couches salines parsemées de flaques d'eau, ot n'offrant qu'une herbe j rare sur les isthmes qui séparent les cavités des marais et des lacs. Les voyageurs qui traversent cette redoutable contrée, où les tempêtes de neige ne sont pas rares, même en juin et en juillet, trouvent à peine entre les marais un endroit favorable pour y planter leurs tentes. D'après les Kirghizes, des étés entiers passent sans que la neige fonde dans les creux de la vallée, où de toutes parts se déversent les glaces. Plaines lacustres de l'Ala-taou. — L'Ala-taou « de l'Ombre » se continue à l'Ouest sous divers noms, comme toutes les chaînes parallèles avec lesquelles il s'unit par des contreforts latéraux. Dans cette partie du TianChan, les plaines lacustres sont peut-être encore plus nombreuses qu'ailleurs ; mais il ne reste plus qu'un seul bassin encore rempli : c'est le Son-Koul, réservoir d'eau douce, de la grandeur du Léman, qu'entourent des crêtes escarpées de porphyre vert et dont un ruisseau verse le trop-plein dans le Narine. Une des plus remarquables des plaines asséchées est la vallée de Kachkar, d'où s'échappe la rivière de même nom, source maîtresse du

EN ASIE CENTRALE

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Tchou. Le bassin du Kachka communique avec la plaine septentrionale par le col de Chamsi, l'un des plus beaux des Alpes du Tian-Chan, comparé par Osten-Sacken à celui de la « Tête-Noire » dans le Valais, et d'une très grande richesse en plantes alpines. La flore des montagnes Célestes comprend un cinquième ou un sixième d'espèces qui n'étaient pas connues ailleurs, et, par l'identité de diverses formes, se rapproche de la flore du Thibet et de l'Himalaya. Le Rhododendron, caractéristique des Alpes, ne se trouve nulle part dans les monts Célestes ni dans ses contreforts. Dans presque toutes les chaînes du Tian-Chan occidental, comme dans celles de l'Orient, les pentes du Nord sont plus douces que celles du Sud; recevant plus d'eau des vents pluvieux, elles sont aussi plus boisées que les versants opposés et sont en général recouvertes de belles forêts de pins. Mais, des deux côtés, les cascades manquent presque complètement : OstenSacken n'en, a vu qu'une seule dans un voyage de sept semaines à travers six des arêtes parallèles. Au Nord du Kokand, le Tian-Chan, dominant encore majestueusement l'étendue des plaines, n'est pourtant plus comparable aux superbes massifs de la région centrale des monts Célestes. Ici la chaîne de Talas-taou, au Pied de laquelle Severtzov a vu des restes de moraines glaciaires, s'élevant à l'altitude de 750 à 900 mètres, se sépare des monts d'Alexandre pour se ramifier en diverses rangées, qui s'abaissent par degrés dans les steppes, au Sud-Ouest, à l'Ouest, au Nord-Ouest. Les montagnes de Tchotkal, dont le dernier promontoire est contourné par le Sir, en aval de Kodjent, appartiennent' déjà presque complètement par leur flore et leur faune à la région des steppes. La chaîne de Talas-taou se maintient à une assez grande hauteur, jusqu'au Nord-Est de achkent, pour qu'on lui donne souvent le nom d'Ala-taou, c °mme aux autres chaînes dont les roches, diversement