Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 72]

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REVUE DES ACCIDENTS D' APPAREILS A VAPEUR

de 1,65 m de diamètre, était formé de deux viroles superposées, en tôle dont l'épaisseur primitive était 11 mm. Le timbre était de 5 kg. La construction n'était pas ancienne : elle datait de 1894. En 1899, alors que le navire se trouvait loin des côtes de France, une fuite se déclare à la virole inférieure de l'enveloppe. On procède, par les moyens du bord, à un raccommodage de fortune, consistant à rapporter sur l'enveloppe une contre-pièce en tôle, de 40 cm sur 14, tenue au moyen de 8 boulons et de 4 prisonniers. En 1901, au cours d'une épreuve hydraulique dans un port français, une fuite se déclare au-dessous de cette contre-pièce : l'ajournement de l'épreuve est prononcé. Mais le personnel du navire continue néanmoins à utiliser l'appareil, d'abord pour terminer le déchargement, puis pour faire le plein des chaudières motrices en vue de leur épreuve hydraulique. C'est au cours de cette regrettable prolongation de fonctionnement que l'enveloppe éclate, se déchirant suivant la génératrice recouverte par la contre-pièce et se déroulant à la faveur de deux déchirures horizontales, l'une à proximité de la rivure de base, l'autre suivant la rivure circulaire reliant cette virole à la virole supérieure. H a été constaté que l'épaisseur de la tôle se trouvait réduite, sur les bords de la déchirure, à des épaisseurs variant de 3,7 mm à 1,2mm. De notables amincissements existaient aussi le long de la déchirure circulaire de base. La gravité des conséquences de l'explosion s'explique aisément, S'ouvrant en grand, alors qu'il était plein d'eau à haute température, le corps cylindrique donna issue à un flux violent de vapeur et d'eau. La chaudière était placée dans un rouff , à l'intérieur duquel elle était séparée par des coursives de divers locaux, parmi lesquels le carre des officiers ; ce rouff se trouvait au-dessus de la grande chaufferie des chaudières motrices. Les cloisons furent en

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partie arrachées ou disloquées ; le chauffeur de l'appareil fut mortellement atteint dans l'une des coursives, un mousse dans le carré ; l'eau bridante tomba en cascade dans la grande chaufferie et y brûla mortellement deux chauffeurs. . Bouilleur d'âge inconnu, profondément corrodé. — Voici un autre exemple d'explosion de chaudière à grand volume d'eau, causée par le mauvais état patent du générateur. Nous sommes sur les installations d'une houillère. Il s'agit d'une chaudière composée d'un corps cylindrique principal et d'un bouilleur placé au-dessous de ce corps : l'appareil est du type à flamme renversée, c est-à-dire que le corps principal est chauffé en premier lieu et le bouilleur sert de réchauffeur. On ne connaît 1 âge ni du corps cylindrique ni du bouilleur : le générateur a été constitué en 1894 avec ces deux pièces, dont lune a été achetée d'occasion et dont l'autre est un ancien réservoir de vapeur qui, après avoir servi comme tel jusqu'en 1879, est resté quinze ans en magasin. L épreuve officielle, au timbre de 5 kg, a suivi cette construction en vieux. Le bouilleur, de 0,95 m de diamètre, est fait d'une tole dont l'épaisseur est 8 mm dans les parties non oxydées; mais cette tôle est affectée d'une multitude de corrosions intérieures parpustules, situées notamment dans sa partie inférieure. Ces corrosions en sont arrivées, sur certains points, à réduire l'épaisseur à zéro; le bouilleur, avant l'explosion, s'est percé huit ou dix fois; les trous °ut été bouchés par des boulons ou par des plaques de tôle avec des joints au caoutchouc et au minium. Enfin, e » exploitants se décident à supprimer ce bouilleur. Ils nxent une date pour mettre la chaudière hors feu. Elle saute six jours avant l'échéance. L explosion a consisté dans la déchirure et le développement de l'une des viroles du bouilleur et, en môme