Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 52]

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NOTES SUR LA THEORIE

DES GITES MINÉRAUX

Le point le plus important du mémoire de M. Vogt, c'est la centaine d'analyses chimiques discutées, par lesquelles il met en relief la concentration du titane dans le magma et montre comment se sont comportés, en même temps, les autres éléments. Je reproduis ici deux de ces graphiques {fig. 8 et 9). Les lois générales, qui résultent de ce travail, sont les suivantes. La concentration paraît avoir subi trois étapes succes-

D'après Clarke, si l'on considère l'ensemble de toutes les roches éruptives, basiques, neutres ou acides, leur teneur moyenne en titane serait d'environ 0,32 p. 100 contre 4,5 de fer : soit un rapport moyen de 1 à 15 entre le titane et le fer. Dans les gabbros, les deux métaux se sont condensés, le titane plus vite que le fer ; le rapport monte il 1 sur 10 ou 12.

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sives : La première, où la teneur en oxydes de fer et de titane est montée à 50 p. 100, tandis que celle de silice tombait à 20 ; La seconde, où la teneur en oxydes ferro-titanés s'élevait de 50 à 80 p. 100, la silice descendant de 20 à 8; La troisième, où la silice tombait presque à zéro. D'une façon générale, pendant toute l'opération, on voit diminuer, à la fois, la silice avec l'alumine, la chaux et les alcalis qui l'accompagnent ; mais la décroissance de l'alumine est loin de se faire aussi vite que celle de la silice, et il peut y avoir, à la fin, un résidu d'alumine, donnant des cristallisations de spinelles. La courbe de la magnésie subit le plus souvent une inflexion curieuse ; elle commence par augmenter, comme on pouvait s'y attendre dans un magma basique, et diminue finalement, sa séparation se faisant d'un autre côté(*). Suivant M. Vogt, f faudrait considérer les éléments basiques comme dissous dans les silicates alcalins (une partie de la silice jouant aussi le rôle d'élément dissous). Il est utile de préciser pour quelques éléments et, sur tout, pour celui qui nous intéresse spécialement, le litoM\ en le comparant au fer.

(*) Il est intéressant de comparer ces résultats avec ceux obtenusji M. Michel Lévy dans son mémoire fondamental sur la classificati des magmas des roches éruptives (Bul. Soc. GéoL, 1897).

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Enfin, dans les minerais de fer titanés, on a, en moyenne, un rapport de 1 à 5 ou à 7,5, pouvant aller, comme termes extrêmes, de 1 sur 1 à 1 sur 16 (en laissant de côté les magnéto-corundites légèrement titanifères) ; ce qui montre combien s'est accentuée, dans cette dernière étape, la concentration du titane. M. Vogt s'est assuré que tous les minerais de fer des gabbros, sans exception, étaient titanifères et que, là où l'on n'avait pas signalé le titane, il y avait erreur d'analyse ; niais la proportion de ce titane peut être extrêmement variable. Ainsi les roches à olivine et à titano-magnétite, englobées dans l'hypérite à olivine du sud de la Suède, ne renferment que 6,30 à 8,50 d'acide titanique; on en a 11,35 a H, 63 dans la titano-magnétite de Routivara et 12 à 15,5 dans celle de Solnôr; la teneur monte à 25 ou 30 dans l'ilménite de Radô, près Bergen, et elle atteint 41 à 46 p. 100 dans le Labradorfels d'Ekersund-Soggendal. Ce titane est, soit en ilménite, soit en titano-magnétite ; dans deux cas seulement, on a signalé de la pérowskite : a Jacupiranga (Brésil) et Oberwiesenthal (Erzgebirge), les deux fois dans une roche néphélinique avec apatite. La concentration de Yaluminn, dans certains gisements spéciaux des États-Unis, est arrivée, au milieu do roches analogues, à constituer de véritables gisements, peut-être comme terme extrême d'une localisation d'aluminate de nia gnésie. A Rockingham (Caroline du Nord), c'est, d'après Pratt, du corindon, avec spinelle et enstatite, qui est venu