Annales des Mines (1902, série 10, volume 2) [Image 189]

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REVUE DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES

lieu les diverses méthodes, et spécialement en ce qui concerne les essais de traction, il semble bien résulter qu'on a souvent exagéré la valeur de cet essai. S'il a pris, en pratique, une si grande importance, c'est sans doute parce qu'il donne des résultats numériques faciles à contrôler, fournissant une base commode aux contrats. Mais, si l'on remarque que cet essai soumet le métal à des actions bien différentes de celles qu'il subira en service ; si l'on remarque les divergences importantes que présentent souvent des éprouvettes voisines découpées dans la même pièce, on est conduit à penser que la précision de cet essai est plutôt apparente que réelle, et que d'autres procédés plus simples pourraient lui être substitués dans bien des cas. Mais cette substitution entraîne d'assez grandes difficultés pratiques, surtout dans une matière où de longues habitudes existent et où de grands intérêts commerciaux sont en jeu. Il est à désirer que ces difficultés n'empêchent pas l'adoption de procédés d'essai à la fois simples et efficaces. Les essai> de choc sur barrettes de petites dimensions, entailléeou non, suivant la nature des métaux, et les essais de poinçonnage et de pliage pourraient très probablement suffire, en général, à la réception des métaux, lorsqu'une pratique suffisante aura permis de bien en déterminer les conditions, les autres essais pouvant servir à les compléter dans des cas spéciaux. CHAPITRE XVII. MACHINES-OUTILS A TRAVAILLER LES MÉTAUX.

Aciers à outils. — La vitesse avec laquelle un outil d'acier peut couper le métal est limitée par la nécessite de maintenir le tranchant de cet outil à une température assez basse pour qu'il ne perde pas la dureté qu'il doit

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à la trempe. Lorsqu'on coupe une très faible épaissev de métal, comme dans le travail de planage, cette vitesse peut être assez grande; mais, dans le dégrossissage où l'on enlève do gros copeaux, la vitesse dans le fer et l'acier doux doit généralement rester inférieure àlOO millimètres par seconde : la quantité de chaleur produite par seconde, pour un copeau de section déterminée, est proportionnelle à la vitesse, tandis que la surface de refroidissement de l'outil est constante ; l'eau, dont on arrose souvent l'outil pour activer ce refroidissement, n'atteint d'ailleurs pas facilement le tranchant même, c'est-à-dire la partie qu'il faut avant tout conserver en bon état. L'emploi d'aciers pouvant supporter sans inconvénient une température très élevée permet d'augmenter beaucoup la vitesse de coupe des outils. Les aciéries de Bethlehem, en Pennsylvanie, avaient présenté à l'Exposition de 1900 des outils enlevant sur le tour de très gros copeaux à la vitesse extraordinaire de 400 millimètres par seconde. L'outil et les copeaux atteignaient la température du rouge sombre, et les copeaux, une fois refroidis, conservaient une teinte bleue indiquant la haute température qu'ils avaient subie. De tels outils, permettant de tripler et de quadrupler la vitesse de coupe dans les travaux de dégrossissage, augmentent énormément la production des machines. Il est à remarquer que, si la section du copeau n'est pas changée, la machine-outil reste soumise sensiblement aux mêmes efforts; seulement la puissance qu'elle consomme varie en raison directe de la vitesse. L'intérêt de ces nouveaux outils est si grand que plusieurs métallurgistes ont entrepris la fabrication d'aciers jouissant des mêmes propriétés ; ces aciers ne sont pas trempés dans l'eau ; mais, après la forge des outils, on les laisse refroidir à l'air. L'emploi de ces nouveaux aciers est d'une très grande