Annales des Mines (1902, série 10, volume 2) [Image 185]

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REVUE DE LA CONSTRUCTION DES MACHINÉS

l'éprouvette est celle de la pièce à essayer. Deux demitrous forés de 0m ,015 de diamètre formant entailles latérales sont pratiqués au milieu de la longueur de l'éprouvette. Les quatre côtés de l'éprouvette sont découpés au moyen d'un poinçon rectangulaire de 70 X 30 millimètres. On obtient ainsi, d'après l'auteur, une section de rupture absolument saine sans altération aucune provenant soit du poinçonnage, soit de toute autre cause. On se rapproche ainsi des conditions de travail des pièces métalliques pour charpentes, dont les trous sont toujours alésés. Pour justifier les entailles latérales des éprouvettes, M. Chartiée rappelle une définition donnée par M. Frémont de l'une des causes de la fragilité de l'acier. D'après cet ingénieur, un acier est non fragile ou fragile suivant que sa capacité de déformation par compression l'emporte ou non sur saxapacité de déformation par traction. M. Chartiée en tire cette conclusion qu'il faut, autant que possible, pour que l'essai soit sincère, que les fibres inférieures aient la faculté de s'étirer librement comme les fibres supérieures ont celle de se comprimer. Or, avec les entailles horizontales pratiquées à la partie inférieure seulement, l'extension des fibres tendues est paralysée, tandis que les fibres comprimées peuvent se raccourcir sans obstacle. On peut donc dire que, dans ces conditions, le métal éprouvé n'est plus semblable à lui-même. L'éprouvette avec entailles latérales échappe à cette critique, parce que les fibres tendues et les fibrfes comprimées sont altérées dans la môme proportion. Ces essais par choc, surtout d'après la méthode Frémont, qui emploie de très petites éprouvettes faciles à préparer, s séduisent par leur simplicité. De plus, il semble qo il soient de nature à déceler la fragilité des métaux mieux que les essais par traction. Les résultats déjà acquis permettent même de fixer numériquement les données nécessaires pour la réception des matières, c'est-à-dire, avec

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une hauteur de chute et un poids du mouton donnés, le nombre de kilogrammètres que doit exiger au minimum la rupture d'un acier de qualité convenable. Cependant les expérimentateurs sont encore loin d'être d'accord sur la meilleure forme de l'entaille. De très petites différences dans la forme de l'entaille peuvent-elles modifier notablement les résultats de l'essai? Dans ce cas, on comprend que l'entaille aiguë, étant difficilement exécutable en pratique avec une précision quasi géométrique, serait condamnée ; l'entaille arrondie se prête mieux à une exécution uniforme, mais elle affaiblit moins l'éprouvette que l'entaille aiguë, et laisserait peut-être plus facilement accepter des métaux fragiles. D'après une série d'essais de M. Frémont, des différences assez notables dans l'entaille à la scie n'ont pas d'influence bien appréciable sur le résultat de l'essai. Fragilité. —• On comprend bien, d'une manière générale, que la fragilité des métaux employés dans les constructions est dangereuse, mais il est difficile de définir avec précision et de mesurer cette propriété fâcheuse. D'après M. Frémont, le métal est fragile quand sa capacité de déformation par traction est plus grande que sa capacité de déformation par compression, dans les conditions où il se trouve placé (*). Parmi les travaux sur la question, on consultera avec intérêt l'Étude expérimentale sur le pliage des barrettes entaillées, par MM. Frémont et Osmond, dans le Bulletin de la Société d'Encour agement pour l'industrie nationale, avril 1901, p. 505. M. Charpy rattache la fragilité à une propriété qu'il appelle résilience, et qui serait la résistance vive à la . rupture d'une tranche de métal infiniment mince, ou le (*) Voir Elude expérimentale des causes de la fragilité de l'acier, f*r Ch. Frémont, dans le Bulletin de la Société d'Encouragement pour

mdustrie nationale, février 1901, p. 254. Tome il, 1902.

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