Annales des Mines (1902, série 10, volume 2) [Image 114]

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I.F.s ANCIENS CHENAUX AURIFÈRES

DE

CALIFORNIE

slnice, ce qui causait un enrichissement extraordinaire. Après cela, comme on trouvait du gravier aurifère en masses énormes à la tète même du ravin, on était conduit d'abord à l'exploiter hydrauliquernent, ce qui constitua les fameuses mines hydrauliques de Californie, puis souterràinement, ce qui constitue encore les mines les plus rémunératrices de toute une région de ce pays. Les lits de ces anciennes rivières étaient larges et sinueux ; comme ils parcouraient un pays plat, ils s'étendaient en largeur avec une faible profondeur, ainsi que les rivières actuelles de l'Inde. Les dépressions qu'ils formaient ont été les voies naturelles qu'ont suivies les boues volcaniques, et, par suite, ont été remplacées par d'insensibles élévations de terrain. 11 a fallu très longtemps pour arriver à reconstituer un plan de ces anciennes rivières, et encore il existe de nombreuses lacunes et même des incertitudes sur le sens de leur courant en certains endroits. On n'a' pu refaire ces plans qu'a mesure que les travaux souterrains progressaient, ou même à force de travaux ■ inutiles au point de vue pratique. Car des centaines de tunnels ont été creuses à des profondeurs de 1 .U00 mètres parfois, sans rencontrer de gravier. L'on dispose actuellement de beaucoup plus de données, et les erreurs sont très diminuées ; cependant on ne procède encore qu'avec une extrême prudence. Les levés de plans qu'exécutent très consciencieusement les ingénieurs américains constituent un précieux repère qui manquait entièrement aux vieux mineurs, d'où leurs tunnels situés trop haut ou trop bas. L'on se rend compte, envoyant les difficultés de près, des diverses hypothèses que l'on a faites avant d'arriver à la vérité, pour expliquer les graviers aurifères souterrains. Hypothèses. — La première hypothèse a été celle d une

LES ANCIENS CHENAUX AURIFÈRES DE CALIFORNIE

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qui aurait recouvert tout le pays, et aurait disparu àmesure du soulèvement graduel de la Sierra Nevada. Mais on n'a jamais découvert dans les chenaux que des fossiles terrestres, aucun fossile marin. En outre, le fond, bien qu'il atteigne parfois 1.000 mètres de largeur, est toujours relevé de chaque côté, comme un chenal; cela ne ressemble aucunement a une longue berge marine, comme les conglomérats du Transvaal. Les galets, enfin, ont une direction souvent bien déterminée, et non quelconque, comme ceux d'un rivage. L'hypothèse glaciaire a été émise ensuite, mais on n'a pu découvrir ni roches moutonnées, ni boulder-clav. ni stries. En outre, la disposition est en tout semblable à celle des rivières actuelles, et très différente de celle des moraines latérales ou frontales. On doit admettre cependant, comme agent primaire de désintégration des roches, l'érosion glaciaire antérieure à Information des chenaux, cause peut-être des masses énormes de galets charriés par ces anciennes rivières, bien plus considérables que celles des rivières modernes, el quoique celles-ci se soient creusé un lit plus profond. L'on est arrivé enfin à l'hypothèse fluviale; mais celleci encore a passé par plusieurs phases avant de se réduire a celle qui a levé toutes les objections, ou presque toutes, car nous verrons que le dernier mol n'est pas dit encore. On a supposé d'abord l'existence d'une immense rivière, dirigée Nord-Sud, a peu près parallèle à la grande vallée 'le Sacramento, et qu'on a appelée « Big Blue Lead », la l 'amie Veine Lieue, à cause de la teinte généralement bleue des graviers découverts. Ce chenal se serait étendu depuis Little Grizzly (Sierra Oounty) jusqu'à Forest Hill (Placer Countv) , sur environ 100 kilomètres de longueur. Son altitude passait de 1.500 mètres à Little Grizzly à 850 mètres à forest Hill. soit une pente d'un peu plus de b' mètres par kilomètre. Sa largeur était de 1.600 mètres. nier