Annales des Mines (1902, série 10, volume 2) [Image 27]

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NOTE SUR L'EXPLOSION

SURVENUE A LA MINE « UNIVERSAL ))

des galeries était suffisamment débarrassé des poussières par l'arrosage et qu'il n'en restait que sur les parois et le boisage? Tout en reconnaissant que les poussières ont pu et dû accroître les effets et l'extension de l'explosion, ne serait-il pas plus rationnel de croire à une explosion due principalement au grisou et, encore mieux, à deux explosions successives de grisou, amenées probablement l'une par l'autre? On s'expliquerait ainsi la troisième explosion succédant après un temps très appréciable aux deux premières qui, ayant été presque simultanées, auront pu se confondre ; on concilierait les opinions opposées émises sur l'origine de l'explosion, qui a été placée par ceux-ci à une extrémité et par ceux-là à une autre extrémité de la mine; on comprendrait que, les deux explosions étantparties de ces deux extrémités, toutes les galeries aient été envahies, y compris les puits, et qu'ils aient été atteints jusqu'à leurs orifices. Est-il effectivement besoin d'aller chercher les poussières comme cause première et particulièrement efficiente du désastre, lorsque l'on est en présence d'une mine infestée dans tous ses quartiers par le grisou dans les conditions reconnues par les inspecteurs? Et, si l'on étudie attentivement toutes les circonstances, les quantités de grisou pouvaient être encore bien plus considérables que leurs observations amènent à le croire. Dans toute la région de l'Ouest, sur quelque 30 hectares environ, la couche inférieure Six Feet avait été entièrement dépitée avec remblayage incomplet au-dessous de la Four Feet, laissée intacte à 25 mètres au-dessus. Entre les deux couches, dans toute cette région, existaient de nombreuses cassures qui devaient constituer comme des canaux par lesquels le grisou, si abondant dans la Four Feet, devait se déverser dans les galeries et dans le gob ou vieux travaux de la Six Feet.

.On pourrait dire que l'on était dans une mer de grisouUne fois ces amas de grisou mis en mouvement par une première commotion un peu vive, les causes d'inflammation ne manquaient certes pas. On se servait d'explosifs dangereux avec une réglementation assez lâche pour avoir été blâmée par le jury. Les lampes n'étaient pas du type le plus sûr; toutes n'ont pu être examinées a posteriori. On avait deux stations de ralluniage avec feux nus assez avant dans les travaux. Si, dans une telle situation, on pouvait s'étonner de quelque chose, ce serait peut-être que pareille catastrophe ne se fût pas produite plus tôt. Certes, après l'accident de la mine de Decize, en France, en 1889 [Annales des Mines, 8° série, 1891, t. XIX, p. 396), après celui de la mine de Camerton, en Angleterre (Id., 9 e série, 1895, t. VII, p. 552), dans l'une et l'autre desquelles il n'existait pas de grisou, on ne peutnier les inflammations dues aux seules poussières ; et l'on ne peut méconnaître que, dans ces deux occurrences, les flammes n'aient eu une extension assez grande. Mais il est difficile de comparer les effets matériels, relativement limités, de ces inflammations avec ceux bien autrement étendus d'une explosion comme celle de Y Universal. Nous opposons à dessein l'inflammation à l'explosion, car nous persistons à voir là deux phénomènes différents par leurs conditions et leurs effets, en ce qui concerne notamment les vitesses de propagation et les pressions. D'autre part, les conditions propres à certaines mines peuvent donner aux conséquences d'une simple inflammation une extension que, plus normalement, celle-ci n'aurait pas dû avoir. Les mines anglaises, soit par leur mode de gisement et leurs couches à peu près plates, soit par les méthodes d'exploitation et les installations généralement admises, et celles-ci résultant partiellement des conditions de gise-

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