Annales des Mines (1902, série 10, volume 1) [Image 268]

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RECHERCHES SHR LES ACIERS AU NICKEL

Le maintien du fer à l'état équivaut vraiment à la substitution d'un corps nouveau au fer a, car il a pour effel non seulement de faire disparaître le magnétisme (*), mais encore de modifier presque toutes les propriétés physiques. Mous signalerons, en particulier, une modification profonde des conditions dans lesquelles l'acier se dilate, une augmentation de la densité, une diminution de la conductibilité pour la chaleur et pour l'électricité, une augmentation de la chaleur spécifique (**), etc. La transformation du fer dans les aciers à hautes teneurs ne se révèle pas par de grands dégagements de chaleur au refroidissement, comme dans le cas des aciers à faibles teneurs. Les grands dégagements de chaleur, correspondant à la transformation du fer y en fer ,3, et du fer S en fer a, se produisent assurément toujours, mais ils se répartissent sur une zone de température très étendue, ce qui les rend peu sensibles. Cette constatation démontre, comme plusieurs de celles dont nous avons rendu compte, que les transformations allotropiques du fer se produisent avec une très grande lenteur dans les aciers à hautes teneurs, soit sous l'influence des variations de la température, soit, ce qui est dans une certaine mesure équivalent, sous l'influence des variations des teneurs en carbone, manganèse, nickel et chrome. Influence des traitements physiques. — Les traitements physiques auxquels les aciers sont habituellement soumis sont : le corroyage à chaud par forgeage ou laminage; (*) Plus exactement, le fer devient faiblement magnétique, et obéit aux lois découvertes par M. Curie, comme tous les corps qui possèdent cette propriété. (**) Ce fait très intéressant a été constaté récemment par M. Bruce Hill à l'Institut de Physique de l'Université de Berlin, sur des aciers adressés par Imphy à l'éminent directeur de cet Institut, M. le professeur Warburg (Verhandl. der Deutschen Physikal. Gesellsch.. III. Jahrg. Nr 10.)

A HAUTES TENEURS

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le recuit à haute ou a basse température ; la trempe après chauffage à. haute ou ii basse température ; l'écrouissage à froid, effectué par étirage à la filière ou par tout autre mode de déformation a froid. Nous avons rendu compte de phénomènes complexes auxquels donnent lieu les aciers à hautes teneurs en nickel et en manganèse, soumis à ces traitements, et nous avons constaté que, parmi les résultats obtenus, les uns ont pour cause des modifications d'état allotropique, tandis que les autres ne paraissent dus qu'à des modi'fications d'état moléculaire. Il reste à interpréter ces phénomènes conformément à la théorie allotropiste. Corroyage à chaud. —■ Les effets du corroyage à chaud n'ont été qu'accessoirement l'objet de nos recherches ; il y a lieu cependant de remarquer que les résultats dont nous avons rendu compte, comme obtenus avant, recuit, trempe ou écrouissage, sont relatifs à des aciers laminés ou forgés à chaud. Nos recherches ont montré que l'état moléculaire des aciers forgés ou laminés est différent de celui des mêmes aciers recuits, trempés ou écrouis après le forgeage ou le laminage, et il est certain qu'il n'est pas identique à celui des mêmes aciers à l'état de lingot, avant le laminage ou le forgeage. Ce sont les aciers simplement corroyés a chaud qui, dans nos recherches, ont accusé le plus grand écart entre les points de transformation à réchauffement et au refroidissement (*), c'est-à-dife le plus d'hystérèse et le plus de (*) Nous n'avons fait qu'une tentative pour comparer les position des points de transformation d'un même acier à l'état de lingot et à l'état de barre laminée. L'acier contenait, p. 100, 27.68 de nickel, 0,312 •le carbone et 0.471 de manganèse. Cet acier, très faiblement magnétique à In température ordinaire, soit à triai de barrette découpée à la raboteuse dans le lingot, soit à l'état de barre laminée, est devenu un peu plus magnétique à — 78°. Au four chauffé électriquement, il a, dans le premier cas, perdu l'état magnétique à 475° et l'a repris à 300°. et, dans le second, l'a perdu à 425°, et l'a repris au-dessous de 100°. Peut-être le rabotage a-t-il écroui quelque peu la barrette découpée, d'où le relèvement constaté dans le premier cas. C'est à vérifier,