Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 293]

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NOTE SDR L'EXPLOSION D'UN DEPOT DE DYNAMITE

sures des emplacements où les différentes victimes ont été frappées. Ce rapprochement met bien en évidence l'atténuation progressive et rapide des effets dangereux de l'explosion au fur et à mesure que l'on s'éloigne du dépôt et l'influence protectrice des changements de direction et de section des galeries. Au sud de la dynamitière, dans la bowette, les trois corps de Bertinchamps (n° 1 du plan), Cotton Jules (n° 2) et Follet Désiré (n° 3), retrouvés à moins de 30 mètres du dépôt, ontété complètement broyés; Brunet Adolphe(n°4) et Jeux Louis (n* 5), atteints à l'accrochage Nord, à 50 mètres environ, avaient la tète écrasée et trois membres fracturés. A l'accrochage Sud, de l'autre côté du puits, des huit victimes qui y ont été relevées, à 60 mètres du dépôt en moyenne, trois, Tison Achille (n° 9), Bouriez Jules (n° 10) et Branche Eugène (n° 12), n'avaient de lésions apparentes qu'à la tête, et un quatrième, Kœssler Joseph (n° 8), ne présentait pas de traces extérieures de traumatisme, ce qui l'a fait porter par le médecin comme mort d'asphyxie. Les quatre autres, au contraire, Dupriez Henri (n° 6),Degorre François (n° 7), Carlier François (n° 11) et Florimond Moura (n° 18), étaient atteints de fractures des membres. Il y a donc à noter déjà, en ce point, une atténuation relative des effets dynamiques de l'explosion, due partie à l'éloignement plus grand du dépôt, partie à l'interposition du puits entre l'accrochage et le magasin de dynamite, produisant une brusque augmentation de la section de passage offerte à l'onde explosive. L'effet en eût été vraisemblablement plus sensible encore si les ouvriers situés en ce point n'avaient eu à subir que l'effet direct de la surpression due à l'explosion, alors que, de plus, ils ont été en quelque sorte mitraillés par des bois accumulés en assez grand nombre dans la bowette au voisinage du puits et que l'explosion a transformés en projectiles.

NOTE SUR L'EXPLOSION D'UN DÉPÔT DE DYNAMITE

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Au-delà de l'accrochage, l'affaiblissement des effets dynamiques va rapidement en s'accentuant. C'est ainsi que l'ouvrier Larivière Alfred, qui se trouvait, parait-il, à 40 mètres environ du puits, dans la bowette Sud, a été simplement renversé par la commotion et contusionné à la tête. Dans la voie de Sondage, qui débouche à une dizaine de mètres du puits dans la bowette Sud, quelques ouvriers se trouvaient, comme il a été dit, à 4 ou 5 mètres de la bowette. Aucun n'a reçu de blessure. Nous avons fait connaître plus haut les doutes qui existaient sur la cause exacte du décès de Dannel Adolphe (n° 13), retrouvé mort dans la cage. Il n'y a donc aucune indication à tirer de la situation qu'occupait ce malheureux ouvrier. Aucun des autres ouvriers qui se trouvaient avec lui dans la cage n'a été gravement atteint. Cette immunité relative doit être attribuée au fait que le fond de la cage a joué, pour les uns et les autres, le rôle de bouclier et, d'autre part, au changement de direction et de section de passage résultant, pour l'onde explosive, de la rencontre du puits. Au Nord du dépôt, on a trouvé dans la bowette deux cadavres complètement broyés, près du croisement de la veine Marie, à 16 mètres environ du magasin, ceux de Dulieux François (n° 14) et Fourdraine Auguste (n° 15). Ku delà, il n'y a eu aucune victime dans la bowette. Seul, l'ouvrier Dransart qui s'y trouvait a 200 mètres du puits est tombé ou a été jeté sur les genoux au moment de l'explosion et a été légèrement contusionné. Dans la voie de Marie Couchant, trois ouvriers furent retrouvés entre la bowette et le plan incliné, à des distances du magasin variant de 20 à 28 mètres, Descarpentries Joseph (n° 19), Tison Gustave (n° 20) et Dumortier Camille (n° 16). Les deux premiers, qui vivaient encore quand ils furent relevés et succombèrent depuis,