Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 203]

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ÉTUDE GÉOLOGIQUE ET MINIERE

par Sin-ïchouang. On continue à rencontrer les affleure-: ments houillers. On remonte ensuite sur le flanc Nord de la vallée, pour rejoindre à Choa-Tchou-La, au bout de 20 kilomètres, la voie de caravane de Ta-Li à TehengTou(*) par Ning-Yuen. Dans ce trajet, on rencontre, depuis 1.800 mètres jusqu'à 2.300 mètres d'altitude, et sur le calcaire liasique, des grès roses à fragments de houille et des marnes rouges, qui représentent très probablement un faisceau jurassique. La région est très, boisée; elle n'est peuplée que de Lis-Sous, possesseurs de nombreux troupeaux, qu'ils maintiennent prudemment hors de la portée des caravanes. Le village de Choa-Tchou-La est situé à la base du calcaire liasique qui s'élève tout autour en collines très découpées. Suivant le ruisseau qui descend vers le Fleuve Bleu, on rencontre encore des traces d'affleurements charbonneux, près de Choa-Tchou-La, et on atteint en une étape Lou-Te-Tang. Cette localité n'est qu'un poste fortifié contre les pillards, plus nombreux que partout ailleurs dans ces régions peu accessibles à l'autorité chinoise. Avant de sortir du calcaire liasique, et à 10 kilomètres environ de Lou-Te-Tang, on passe, vers 1.700 mètres d'altitude, par le petit village indigène de I-Tcha, occupé à l'exploitation d'une eau minérale alcaline pour la fabrication du carbonate de soude. Sous le nom de Tou-Kien, ce produit se rencontre sur la plupart des marchés du Yun-Nan septentrional. Les sources sont alignées suivant une cassure traversant du Nord au Sud les escarpements calcaires, et apparaissent sur les deux côtés du torrent, mais surtout sur la rive gauche. Naturellement captée d'une manière (*) Capitale du Se-Tchouan.

DES

PROVINCES CHINOISES V< USINES DU T.ONKIN

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très imparfaite, l'eau est fortement minéralisée et dégage beaucoup d'acide carbonique. L'exploitation s'effectue par un procédé analogue à celui des salines de I\'gan-Lin (Pl. X, fig. 4). Tout le fond de la vallée a été nivelé et transformé en une aire d'évaporation, sur laquelle l'eau puisée à la source est répandue à la main, bien entendu pendant la saison sèche. En soumettant les parties couvertes d'efflorescences à un lessivage méthodique, on obtient une solution saturée de bicarbonate de soude, qu'on évapore lentement à feu nu. Le résidu est étalé en rondelles sur des feuilles de palmier, puis séchées et blanchies par une exposition au soleil. La ville de Iun-Pe, qui possède le titre de Ting (cheflieu d'un district militaire analogue aux cercles militaires du Tonkin), est située vers 2.000 mètres d'altitude, dans un fond lacustre à peu près desséché. Couverte par les strates, surtout gréseuses, du trias supérieur, cette région mamelonnée est, en somme, assez peu fertile. La ville a dû posséder autrefois quelque importance. On dit qu'elle renfermait 12.000 habitants. Mais elle a été prise quatre fois pendant la révolte musulmane, et n'abrite plus que 40 familles mahométanes. Le pays est encore ravagé tous les ans par la peste. A partir de Iun-Pe, une descente de 300 mètres vers le Sud-Ouest amène au bord du lac de Tchen-Tche. Cette grande flaque d'eau marécageuse s'est étendue sur l'emplacement d'une ville voisine à la suite de chute de rochers qui ont obstrué son émissaire vers le Fleuve Bleu. Suivant la rive occidentale de ce lac, on atteint, toujours dans les marnes irisées alternant avec des grès jaunâtres, le petit village de Ki-Kouan. Les habitants y rentraient au moment de notre arrivée, après s'être réfugiés sur les hauteurs pendant la saison de la peste. Continuant à suivre l'émissaire du lac, on descend vers