Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 201]

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ÉTUDE GÉOLOGIQUE ET MINIERE

A partir de Lo-Ko, petit village à l'embouchure du Kin-Ho, qui venait d'être pillé quelques heures avant notre passage, le chemin suit les bords du Fleuve Bleu, sur des escarpements de diorite avec filons de diabase à grands éléments, jusqu'à Sin-Tchouan, localité formant la frontière du Se-Tchouan. (est un assez gros village dominant des rizières au milieu de blocs isolés d'un calcaire probablement liasique, à 1.300 mètres d'altitude. Toute la rive droite du Fleuve Bleu, formant le soubassement de la partie centrale du Yun-Xan, apparaît découpée en hautes collines admirablement stratifiées, composées d'alternances de grès, de marnes et de bancs calcaires, appartenant au trias supérieur et au rhétien, et s'inclinant vers l'Ouest. Le Fleuve Bleu quitte alors la diorite pour prendre un cours tranquille sur un lit gréseux, au-dessus duquel on rencontre, au bord même du cours d'eau, des affleurements de houille rhétienne, à 10 kilomètres environ en aval de Ma-Chang. Un forgeron, installé au bord du chemin, s'approvisionne ainsi sur place (Pl. IX,/?</. 5). Une nappe de calcaire dolomitique jaune, creusé de remarquables cavernes, surmonte de très près la veine de houille et forme au bord du fleuve un horizon constant, qui se relève vers le Nord avant le village de Ma-Chang et constitue, par exemple, à 5 kilomètres de cette localité, la colline de Ke-Ti-Pin, dont la base renferme le principal gisement exploité par les habitants de ce village. Le même gisement, encore fortement incliné vers l'Ouest, est exploité en un grand nombre d'endroits, sur la rive droite, à 15 kilomètres en aval de Ma-Chang, dans la région de Tai-Pin-Tchang, voisine de la petite chrétienté de Taï-Pin-Tze. Près du fleuve, au lieu dit Tao-Kw Ton, desservi par une barque, j'ai visité, en compagnie de M. Duflos, missionnaire, une exploitation établie sur une couche de 2 mètres d'épaisseur, sans barre, avec une

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inclinaison d'environ 40 p. 100 (Pl. IX, f'nj. 2). Les schistes du toit, à l'entrée de l'unique galerie, m'ont fourni les empreintes végétales qui ont été déterminées par M. K. Zeiller et reproduisent la flore de l'étage rhétien du Tonkin. La galerie, très basse, ouverte quelques années auparavant, à une centaine de mètres au-dessus du fleuve, pénètre horizontalement sur environ 250 mètres de longueur. Elle occupe souterrainement une dizaine d'ouvriers, exploitant par gradins au-dessus de la voie de roulage, et produisant environ 5 tonnes par jour. L'extraction s'effectue dans des traîneaux munis de bricoles que des enfants, marchant à quatre pattes, tirent sur le sol jusqu'à l'orifice. Le gros est descendu dans des hottes jusqu'au fleuve par des femmes indigènes (Pl. IX, fig. 4). 11 est ensuite transporté par barques dans la région en aval. Le menu est expédié de la même manière, après avoir été transformé en coke, près de l'orifice même de la mine. Les fours sont formés d'une enceinte circulaire en maçonnerie, d'environ 2 m ,50 de diamètre et de 1 mètre de hauteur, avec foyer d'allumage inférieur débouchant au centre de la sole (Pl. IX, fig. 6). On y range le combustible en ménageant des canaux pour le passage des gaz, puis on recouvre le tout d'une couverture hémisphérique en terre, qu'on démolit après la calcination pour l'enlèvement du coke. Celui-ci se divise en fragments durs et volumineux de belle apparence, quoiqu'un peu boursouflés par suite de l'abondance des matières volatiles. Le prix de vente de la houille en gros blocs, comprenant une journée de transport au marché, est d'une sapèque la livre, soit environ 4 fr. 50 la tonne. Les habitants du pays ne s'adressent pas à la mine, et s'approvisionnent eux-mêmes sur de nombreux affleure-