Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 124]

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NOTE SUR LE RÉGIME DES MOTEURS A EXPLOSION

Lorsque le deuxième temps est terminé, le troisième commence ; la déflagration des gaz se poursuit, d'où tendance à augmenter la pression ; le volume augmente, puisque le piston est lancé en avant, et cet effet tend à diminuer la pression. On voit combien le phénomène est complexe. D'autre part, les gaz sous le piston ne sont point homogènes, même en supposant constant le mélange introduit. Au moment de l'admission, le mélange tonnant pénètre sous le piston avec une certaine vitesse, jaillissant pour ainsi dire au milieu des gaz résiduels avec lesquels il se mélange plus ou moins bien et plutôt mal que bien. Lors du retour en arrière, le piston, tout en produisant la compression, ne détermine pas un brassage bien intense. Il en résulte qu'au moment oh l'on provoque l'explosion, si le regard pouvait pénétrer dans le cylindre, et s'il était capable de distinguer le mélange tonnant des résidus, il percevrait une distribution irrégulière, un peu semblable à celle de certains bouillards qui roulent des volutes présentant des opacités inégales. Les gaz frais et les gaz résiduels se pénètrent l'un l'autre, mélangés sur certains points, en contact seulement sur certains autres, et la température de ces diverses zones est extrêmement variable, puisqu'elle résulte du mélange irrégulier de deux masses inégalement chargées de calorique. Il est donc bien difficile de prévoir comment se propagera l'explosion. Lorsque au laboratoire on étudie la combinaison brusque d'un mélange tonnant, on ne se trouve point dans des conditions identiques à celles que l'on constate sous le piston d'une machine motrice. De plus, comme la propagation de l'explosion dans un mélange explosif est encore insuffisamment étudiée, » est difficile de présenter une analyse exacte des faits.

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Il v a là un point qui sort de notre cadre, et nous renvoi MIS , à cet égard, à l'expérimentation. Tout ce que nous pouvons dire est ceci : Dans un régime varié, comme celui que nous constatons sous le piston, la vitesse de propagation de l'explosion sera irrégulière. Mais comment variera cette vitesse ? Nous avouons que nous ne le savons guère et nous souhaitons vivement que des expériences viennent nous fixer sur ce point délicat. Avec un mélange homogène, comment varie le régime durant l'explosion, en supposant la pression constante? Si la déflagration, partant d'un point, se propageait bien régulièrement autour d'elle, sans mélange -des produits brûlés avec les gaz actifs, on aurait une marche régulière, et la vitesse serait fonction de la nature du mélange. En expérimentant à diverses pressions, mais en maintenant la pression constante pour chaque expérience, on trouverait des vitesses différentes variables avec la pression. Supposons un mélange à une pression p et provoquons l'explosion en un point. Une molécule d'un des gaz se combinera avec n molécules de l'autre gaz en développant une certaine quantité de chaleur qui, dans un temps /, atteindra les molécules voisines situées à la distance î, et en déterminera la combinaison. La vitesse de Propagation sera connue quand on connaîtra t. Si nous envisageons une pression P > p, l'explosion débutera de la même façon ; mais les molécules seront distantes de z -< î et seront atteintes en un temps t' •< t. Ces molécules, étant situées à une distance plus petite du lover initial, en recevront une action plus intense. La v Uesse de propagation peut donc devenir fonction de la pression. Sans entrer dans des considérations qui sont du domaine de la physique, nous renvoyons aux remarquables travaux