Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 103]

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L'ÉTAIN

EN BOLIVIE

ments d'étain en poches, filons, couches, etc., varient en quantité et en teneur. En aucun point de la République, les exploitants n'ont fait de bénéfices constants, et, en outre, ils sont obérés d'un passif qui ne leur permet pas d'améliorer leurs procédés d'extraction et d'exploitation; ces avances les exposeraient à la saisie et à la ruine. Ensecond lieu, le procédé de traitement à employer est extrêmement cher. Ces difficultés , à la vérité, sont bien atténuées aujourd'hui grâce au cours actuel de £ 152 (3.675 fr.i la tonne que l'étain vient d'atteindre. La hausse graduelle du cours de l'étain, de £ 85 (2. 125 francs) ࣠152 (3.675 francs) la tonne, depuis 1850 jusqu'à aujourd'hui, est une conséquence des affectations de plus en plus nombreuses données dans l'industrie moderne à ce métal; cette extension de débouchés assurel'avenir de l'étain de Bolivie, qui sera pour ce pays, dans quelques années, une de ses principales sources de richesse : plus considérable peut-être que celle que lui ont procuré ses mines d'argent, puisqu'on y trouve les. plus grands gisements connus de ce métal. Après ces considérations, qui permettent de se rendre compte de la situation actuelle de l'industrie de l'étain en Bolivie, nous nous proposons de donner quelques indications de géographie et de géologie sur les divers points oii se trouve l'étain en ce pays ; nous décrirons ensuite, mais très brièvement, les méthodes d'extraction et de; traitement du minerai ; enfin nous compléterons notreétude par quelques renseignements commerciaux et statistiques empruntés à des documents officiels, peu connus en Europe ; car jusqu'à présent on n'a rien publié qui puisse servir de source d'information à ce sujet. Géographie. — Les régions de l'étain se trouvent sur le versant occidental de la Cordillère, entre 16 et 21° de latitude sud, et sur une étendue du nord au sud de plus

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de 300 milles (500 kilomètres). Les terrains stannifères y forment des groupes situés tous à l'est du plateau bolivien. A l'ouest, c'est- à-dire dans la Cordillère de la côte, on ne connaît pas de mines d'étain ; on n'a jamais entendu parler de gisements de ce métal dans les pays voisins,, comme le Pérou et le Chili. La Cordillère orientale se compose de chaînes presque parallèles; à l'est de celles-ci partent, à peu près perpendiculairement, d'autres chaînes, dont l'une, à proximité du Brésil, forme la ligne de partage des eaux entre le bassin de l'Amazone et celui de Parana. La chaîne la plus élevée est celle qui est la plus près du plateau bolivien ; les cols n'ont pas moins de 4.200 mètres d 'altitude, et c'est la région des plus hautes montagnes de l'Amérique du Sud, telles que l'Illampu, le Huayna Potosi, l'Illimani, le Pic de Très Cruces et beaucoup d'autres dont les moins élevés dépassent 6.000 mètres. Les chaînes plus à l'ouest sont moins hautes ; elles sont coupées de vallées profondes, au fond desquelles se précipitent de nombreux torrents. L' « Altiplano », ou plateau bolivien, s'étend sur 640 kilomètres du nord au sud et sur 180 kilomètres environ de largeur. Suivant d'Orbigny, Forbes, etc., tout ce plateau formait autrefois un vaste lac; on y trouve, en effet, des dépôts sur de très grandes étendues, et l'on peut voir comme une trace blanchâtre sur le flanc des montagnes environnantes. Géologie. — La chaîne principale des Andes fait partie de la série silurienne, et l'on y trouve des roches tant du silurien supérieur que du silurien inférieur, jusqu'au point où elle pénètre à l'ouest sur le lit de l'ancien lac. Cette formation est très puissante dans la vallée d'Arqué, au pied d» la montagne de Berenguela, qui s'élève à 6.000 mètres d'altitude. On peut voir à peu près complètement tout l'en-