Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 69]

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NOTE SUR LE MINERAI DE FER CARBONATE

à Saint-Rémy, May-sur-Orne, Saint-André, dans le Calvados ; mais on rencontre, en outre, disséminées un peu partout dans la région, des hématites hydratées ou limonites, dont certaines se rattachent également (nous verrons tout à l'heure comment) au terrain silurien, mais dont la plupart forment des dépôts d'origine bien plus récente, d'une très grande irrégularité. Ces limonites sont notamment très abondantes en Ille-et-Vilaine, et principalement aux environs de Redon ; celles de la commune de Camoël et des alentours ont donné lieu, dans ces dernières aimées, à d'assez fréquentes visites et recherches, mais sans résultat pratique, à cause de la dissémination et de la trop grande irrégularité des dépôts. Malgré l'abondance bien connue du minerai de fer dans le silurien normand, une seule exploitation véritablement importante existe dans cette région, celle de Saint-Remy, dans le Calvados, qui produit annuellement 80 à 100.000 tonnes d'une très belle hématite rouge, phos-; phoreuse, il est vrai; mais la présence du phosphore n'est plus, comme il y a seulement vingt ans, un épouvantail pour les aciéries. Celles-ci demandent, au contraire, à un minerai, quand il est phosphoreux, de l'être assez pour convenir au traitement par le procédé Thomas, et c'est le cas du minerai de Saint-Remy. Non loin de Saint-Remy, les petites mines de May-surOrne et de Saint-André sont bien en exploitation ; mais leur production est très faible, et leur minerai, quoique analogue à celui de Saint-Remy et appartenant exactement à la même formation, est moins riche en fer(*), plus siliceux, et donne à l'abatage une bien plus forte proportion de menus. Vers l'autre extrémité de la formation silurienne, on (*) Ces minerais ne contiennent que 46 à 48 p. 100 de fer, au lieu de 52 à 53 p. 100, qui est la teneur de celui de Saint-Remy.

DE NORMANDIE

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tirait encore, il y a quelques aimées, des gisements de Segré, quelques milliers de tonnes de minerai magnétique et d'oligiste ; mais la compacité extrême de ce minerai, la forte proportion de silice qu'il contient, dont une partie à l'état de silicate de fer extrêmement difficile à dissocier, le rend si désavantageux à traiter au hautfourneau qu'il est peu probable que l'exploitation puisse continuer. A Bourberouge, près de Mortain, des limonites paraissant se rattacher au terrain silurien avaient donné lieu à des tentatives d'exploitation restées sans suite. Quelques concessions demandées et obtenues à Jurques (Calvados), à Halouze (Orne) étaient restées absolument inexploitées. C'est dans ces circonstances que la Société de Denain et d'Anzin. qui avait besoin de minerai plus riche que celui qu'elle faisait venir de Lorraine, afin de le mélanger à celui-ci, et augmenter la richesse de ses lits de fusion, ainsi que le font les usines allemandes de Westphalie, placées, comme elle, sur le charbon et loin du minerai, entreprit l'exploration méthodique du terrain silurien normand, dans l'espoir de trouver quelque gisement pouvant lui donner, par exploitation directe, du minerai analogue à celui dont la mine de Saint-Remy ne lui vendait que des quantités insuffisantes. Cherchant ainsi de l'hématite, c'est un gisement composé en presque totalité de carbonate de fer qu'elle trouva, d'abord en rentrant dans les travaux abandonnés d'exploration de la concession inexploitée de Jurques, puis en procédant un peu plus au sud, entre Fiers et Bagnoles, près de la concession également inexploitée d'Halouze, à la reconnaissance de la longue bande de terrain silurien qui, partant du Châtellier, limite Est d'Halouze, va former, après avoir subi diverses brisures et inflexions, la crête de Mont-en-Géraume et rejoindre la forêt d'Andaine. Les données, en présence desquelles se trouvaient les