Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 67]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

janvier 1897, sur la liste des candidats présentés par la Section de mécanique pour la succession de Résal à l'Académie des Sciences. Il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur, en 1878, et officier, en 1898. Il avait été : en 1892, président de la Société mathématique de France; en 1895-1896, président de la Société scientifique de Bruxelles. Il était encore président de la Société philomathique et, en 1900, il avait été désigné comme vice-président du Congrès des Mines et de la Métallurgie. Je dois mentionner, parmi ses derniers travaux, la rédaction du Cours qu'il professait à l'École supérieure des Mines sur les chemins de fer. M. Maison, Ingénieur des Mines, eut l'obligeance d'assister à son cours pendant la dernière année, d'y prendre des notes et de les rédiger, puis de les soumettre à la revision du professeur. Cette oeuvre importante d'Eugène Vicaire ne sera donc pas perdue ; son enseignement lui survivra, grâce aux soins de notre jeune camarade. M. Vicaire a tenu une place importante dans le Corps enseignant de l'École des Mines de Saint-Étienne, et, plus tard, à Paris, dans celui de l'École supérieure des Mines. Ses avis, toujours judicieux, ont souvent éclairé les délibérations du Conseil, notamment lorsqu'à deux reprises, il eut à s'occuper du remaniement des programmes d'études, dans le but d'adapter le mieux possible tout son enseignement aux progrès de l'industrie. Dans le Conseil général des Mines, dans le Conseil de l'École et dans le Corps des Mines tout entier, M. Vicaire n'avait que des amis. Son abord un peu froid et réservé n'empêchait pas de discerner bien vite la bonté et la cordialité de ses sentiments. S'il était bon ami, il était excellent père, et il laisse derrière lui une nombreuse et bien respectable famille.

DE M. VICAIRE

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Marié en 1867 avec la fille de M. Roger, qui fut président du tribunal civil de Besançon, il eut le bonheur de voir ses fils marcher sur ses traces et commencer à marquer dans le monde savant. Deux de ses fils étaient entrés dans le Corps des Ponts et Chaussées; un troisième, ancien major de l'École polytechnique, est maintenant Élève-Ingénieur des Mines; le plus jeune est licencié ès lettres et se prépare à l'agrégation. Peu de familles assurément offrent une pareille réunion de facultés éminentes, développées par une éducation attentive et intelligente. Mais, dans ces dernières années, les joies du père de famille furent traversées par des coups terribles, et on peut bien penser que les soucis ne furent pas sans influence sur la maladie qui a terrassé notre ami. Il perdit successivement deux de ses fils : l'un, enlevé en 1893, était au séminaire d'Issy, où il se préparait à entrer dans les Ordres; l'autre, mort en 1899, allait entrer •comme Élève-Ingénieur à l'École des Ponts et Chaussées; il accomplissait à Grenoble sa troisième année de service militaire, lorsqu'à la suite de quelques imprudences de jeunesse, sous un climat un peu rude, il fut atteint de pleurésie et renvoyé dans sa famille, p*our y être mieux soigné qu'au régiment; mais tous les efforts furent vains, et son père, s'épuisant dans une lutte sans merci contre la terrible maladie, ressentit lui-même peu après les premières atteintes du mal qui devait peu à peu l'envahir tout entier. Il chercha dans sa foi religieuse une résignation et des secours que d'autres se bornent à demander à la raison et à l'activité dans le bien. Sa piété, d'ailleurs, était connue et des plus agissantes, mais désintéressée et respectueuse des croyances- d'autrui; elle méritait donc, à son tour, le respect, qui ne lui a jamais fait, défaut de la part de ses collègues, de ses anciens camarades,