Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 65]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

Eugène Vicaire était le fils d'un notaire d'Ambérieu (Ain) ; à dix-sept ans, il entrait major à l'École polytechnique et s'y maintenait au premier rang. Dès sa sortie de l'École des Mines en 1862, il était envoyé enrésidence à Saiut-Étienne, ce grand centre industriel où se sont formés la plupart de nos meilleurs ingénieurs, et pendant treize ans, il y professait, à l'École des Mineurs, le cours de Chimie et Métallurgie. De là, en 1875, il vient à Paris dans le contrôle deschemins de fer, d'abord au réseau du Nord, puis au réseau d'Orléans. Bientôt signalé par ses études spéciales, il est chargé, à l'École supérieure des Mines,, du cours de Chemins de fer, qu'il a professé jusqu'aux derniers mois de son existence, suffisant à la double tâche du professorat et des fonctions administratives. Nommé Inspecteur général en 1894, à la division minéralogique du Nord-Est, il a coopéré activement à une importante répartition de concessions de mines de fer en Meurthe-et-Moselle. Il était officier de la Légion d'honneur depuis 1897. Nous l'avons vu, malgré la souffrance, malgré les angoisses d'un mal qui resserrait chaque jour son effroyable étreinte, venir présider de longues séances, pouvant à peine articuler une parole, mais suivant les discussions avec la parfaite lucidité qu'il a conservée jusqu'à la fin. Sans illusion possible sur son état, il ne proférait jamais aucune plainte. Son énergique résignation prenait sa source dans la Foi qui promet l'éternelle récompense. Il a honoré le Corps des Mines par son œuvre scientifique, par son enseignement professionnel, par ses services administratifs et, enfin, par la dignité de sa vie familiale. De ses neuf enfants, dont deux Ingénieurs des Ponts et Chaussées et un Ingénieur des Mines, il ne reste plus que sept. La perte de deux d'entre eux, dans ces der-

DE M.

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VICAIRE

uièfes années, n'a pas peu contribué à altérer la santé de ce père excellent. Nous saluons avec respect la douleur de sa noble et fidèle compagne, de la vaillante éducatrice qui a partagé ses joies et ses peines, qui a constamment secondé ses efforts. Nous adressons à l'éminent collègue, au cher camarade, un sympathique et suprême adieu.

DISCOURS DE M. Ad. CA.RN0T Inspecteur général des

Mines,

Membre

de l'Institut,

Directeur de l'École nationale supérieure des Mines.

Messieurs, Les deuils se succèdent vite dans le Corps des Mines, malgré le petit nombre de ses membres ! Il y a peu de jours, nous apprenions la mort de deux jeunes ingénieurs, M. Prost en Tunisie, M. Ravier en Algérie. Hier, nous étions réunis autour de notre doyen, M. Haton de la Goupillière, qui venait de perdre sa fille. Aujourd'hui, nous nous retrouvons devant le cercueil de M. Vicaire, qui était, il y a peu de temps encore, président du Conseil général des Mines et que M. Haton vient de remplacer à la tête du Corps des Mines. Un commencement de paralysie l'avait, depuis plusieurs mois, privé de la parole, à laquelle il avait dû suppléer par la plume et ensuite par l'emploi de la machine à écrire ; puis il perdit l'usage de ses mains et enfin tout mouvement ; mais le mal respecta jusqu'au dernier moment le cerveau, > qui était si remarquablement doué et dont la lucidité resta la même jusqu'à la fin.