Annales des Mines (1900, série 9, volume 18) [Image 143]

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CONSTITUTION CHIMIQUE DES FONTES ET DES ACIERS

particulière pour le silicium et pour le soufre. Lorsqu'il est en faible proportion dans une fonte, il peut s'y trouver en entier sous la forme do siliciure ou de sulfure de manganèse. Lorsqu'il est en proportion plus grande, il forme dos carbures doubles, dont la recherche présente de sérieuses difficultés, parce qu'il en peut exister simultanément plusieurs, doués de propriétés fort peu différentes. Nous avons dû, pour arriver à les distinguer, soumettre à l'action de dissolvants variés plus do quarante échantillons, dont les teneurs en manganèse s'échelonnaient entre 5 et 85 p. 100. Voici les résultats généraux de cotte étude comparative : Les ferromanganèses les plus riches sont attaqués par l'eau bouillante ; ils donnent naissance à des hydrocarbures liquides et' gazeux, mêlés d'hydrogène libre. Ce fait avait été déjà remarqué par Cloëz, enl878(*), et lui avait suggéré l'hypothèse de l'origine minérale du pétrole et des dégagements gazeux de carbures d'hydrogène, à l'époque même où Mendeelejeff proposait une explication analogue. L'attaque par l'eau froide est généralement très faible, même lorsque le métal renferme 85 p. 100 do manganèse; elle fournit, d'ailleurs, un mélange complexe dans lequel domine l'hydrogène. Il paraît légitime de conclure de ces observations que les ferromanganèses ne renferment pas, du moins en proportion notable, le carbure do manganèse simple Mn 3 C, découvert par MM. Troost et Hautefeuille, en 1875 ("|| car M. Moissan a montré que la décomposition de ce carbure simple par l'eau froide donne naissance à un

(*) Comptes Rendus, LXXXVI, p. 1218. (**) Comptes Rendus, LXXX, p. 909.

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mélange de méthane et d'hydrogène à volumes égaux, sans hydrocarbure liquide (*) . Los ferromanganèses, de teneur inférieure à 74 p. 100, ne sont plus attaqués d'une façon sensible par l'eau bouillante ; mais ils peuvent l'être encore, même à froid, par l'acide acétique à 5 p. 100. Cette attaque va d'autant plus loin que les ferromanganèses sont plus riches ; le résidu insoluble atteint la moitié du poids total pour le métal à 35 p . 100 ; il n'est plus que du quart pour le métal à 55 p. 100. Les alliages riches sont presque entièrement dissous par l'acide acétique à 5 p. 100. Ils sont, de même, énergiquement attaqués par les solutions de chlorure d'ammonium, même avec excès d'ammoniaque. Ils se dissolvent lentement, au contraire, dans une solution d'acétate d'ammonium légèrement ammoniacale et portée à J 'ébullition.' C'est à l'aide de ce dernier réactif que nous avons pu isoler, par une attaque lente de plusieurs jours, les carbures contenus dans les ferromanganèses les plus riches. 1° Nos essais ont porté sur un alliage (a) à 84 p. 100 de manganèse et sur un alliage [b) à 79 p. 100. L'attaque par la solution ammoniacale d'acétate d'ammonium à l'ébullition, à l'abri de l'air, a laissé des résidus cristallins, non magnétiques, inattaquables par l'eau bouillante, solubles dans l'acide acétique très étendu et froid. Ces résidus sont formés d'un carbure double de fer et de manganèse, répondant à la formule Fe 3 C,4Mn 3 C; car l'analyse a donné : a

b

Manganèse

0,3908 0,5380 soit p. 400.. Fer 0,0937 0,1380 .. Carbone et oxygène. 0,0523 0,0515 — .. Sili ce 0,0132 0,0670 — .. (*) Comptes Rendus, CXXII, p. 421.

a

b

71,05 74,40 17,041 8,64 9,51 6,87 2,40 o|o9