Annales des Mines (1900, série 9, volume 18) [Image 60]

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SUR LA CRISTALLOGRAPHIE DU FER

La question, ainsi posée, était déjà résolue en principe, et depuis de longues années, par les méthodes de Péligot et de Poumarède. Péligot (*) avait réduit le chlorure ferreux par l'hydrogène et obtenu « en partie, des cristaux octaédriques très brillants (**), en partie des lames flexibles et. malléables pouvant porter des filaments métalliques ». C'est par cette même méthode que M. Stanislas Meunier a pu réaliser l'importante synthèse des fers météoriques (***). Un peu plus tard, Poumarède (****) remplaçait l'hydrogène, pour la réduction du chlorure ferreux, par la vapeur de zinc, et obtenait des « cristaux dendritiques avec, çà et là, des tétraèdres creux ». Malheureusement on ne connaissait pas, il y a cinquante ans, l'existence des transformations du fer. Il était donc nécessaire de répéter ces anciennes expériences dans des conditions de température exactement définies, c'est-à-dire : ' Au-dessous de 700° pour faire cristalliser le fer à l'état a ; Entre 750° et 860° pour faire cristalliser le fer à l'état (3 ; Au-dessus de 860° pour faire cristalliser le fer à l'état y. Tous nos essais, sauf un, ont été faits au four Mermet, dans un tube de porcelaine vernissé intérieurement.. (*) Sur un moyen d'obtenir certains métaux parfaitement purs [Comptes Rendus, t. XIX, p. 670, 30 septembre 1844). (**) Et non des cubes, comme le disent les manuels les uns après les autres. Ce sont cependant des cubes qu'ont eus Ilopfgartner et Hornig. en répétant au laboratoire de Schrotter l'expérience de Péligot (Jakrbuch k. k. geologischen Reichsanstalt, année 1830, p. 151). 11 y avait là une divergence qu'il importait d'éclaircir. (***) Mémoires présentés par divers savants à t Académie des Sciences de l'Institut de France, t. XXVII, 2* série, année 1883. (****) Mémoire sur quelques phénomènes de réduction ; nouveau moyen d'isoler le fer de ses combinaisons (Comptes Rendus, t, XXIX, p. 518, 12 novembre 1849,'.

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La température était -donnée par un couple Le Chatelier placé au centre du four, au contact du tube de porcelaine et à la hauteur de l'axe, un second tube en terre faisant enveloppe. En réglant convenablement le gaz, on peut maintenir la température constante, à quelques degrés près, aussi longtemps qu'il est nécessaire. La marge de zt 50°. dans le cas le plus défavorable, est suffisante pour tenir compte des irrégularités du champ calorifique, à la condition de négliger les produits trop éloignés du couple. La méthode de Péligot convient bien pour la préparation du fer a. et du fer g; mais, vers 1.000°, le chlorure ferreux se volatilise en grande partie sans réduction. Au contraire, la méthode de Poumarède ne réussit bien, comme on pouvait s'y attendre, qu'au-dessus du point d'ébullition du zinc, c'est-à-dire pour le fer y. Comme cependant le milieu où s'effectue -la cristallisation peut avoir — et a réellement — une influence marquée sur les formes cristallines, il importait, pour rendre les résultats comparables, de faire aussi du fer y par la méthode de Péligot et du fer a et du fer ,3 par la méthode de Poumarède. En fait, il n'y a pas de difficultés à obtenir un peu de fer y par l'hydrogène, surtout si l'on se rapproche de la limite inférieure admissible de température, c'est-à-dire vers 910°; et la volatilité du zinc au-dessous de son point d'ébullition est très suffisante pour donner un dépôt de fer à 800°, et même plus bas. Le seul inconvénient de ces conditions peu favorables est que les rendements sont mauvais ; mais la quantité absolue de fer réduit importait peu, du moment que l'examen cristallographique était possible. L'hydrogène, pour l'application de la méthode de Péligot, a été préparé soit par l'électrolyse de l'eau alcaline, soit par le procédé ordinaire (zinc et acide chlorhydrique) :, purifié par barbotage dans une lessive caustique, dans