Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 337]

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atteignent 50 centimètres et davantage, et ont donné des minerais dont la tradition conserve un souvenir enthousiaste. Les affleurements des filons sont formés d'un quartz très impur, très chargé de débris pulvérisés des terrains traversés, ayant plutôt l'aspect d'un silex, et excessivement ferrugineux, ce qui est l'indice d'une forte minéralisation. Il est malheureusement impossible d'avoir la moindre indication sur la puissance véritable ni même sur la plongée, malgré la grande extension des travaux souterrains, à cause de la façon vraiment extraordinaire dont ces travaux ont été exécutés. Il semble cependant établi que la plongée se fait vers l'est pour le grand filon de Santa Catalina, et sous un angle assez aigu. Le gisement de Cerro de Pasco apparaît donc comme constitué par d'importantes fractures filoniennes étant produites dans la zone de contact de terrains sédimentaires (calcaires, schistes et grès) et d'une roche éruptivo de la famille des Andésites, fractures qui ont été remplies par une venue siliceuse très chaude et chargée de substances métallifères ayant accompagné, ou suivi de très près sans doute, la venue au jour de la roche et la production des fentes. Les filons de la dacite ne sont probablement que de simples fentes de retrait; on s'explique ainsi la diminution de leur importance, à mesure de leur éloignement du centre éruptif. Cette venue siliceuse a non seulement rempli les vides qu'elle trouvait devant elle, mais elle a, en outre, évidemment pénétré de toutes parts, elle-même ou ses vapeurs, en les minéralisant et les métamorphisant, les terrains du voisinage. Elle a imprégné et transformé ces terrains jusqu'à des distances d'autant plus grandes à partir de l'axe d'éruption qu'ils étaient plus perméables, plus facilement décomposables. A cet égard, le contact lui-même, nécessairement broyé, et aussi la

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Dacite, offraient des facilités exceptionnelles. L'imprégnation y a donc été considérable, et les modifications métamorphiques très profondes. Puis les agents atmosphériques ont accompli peu à peu leur œuvre de décomposition et d'oxydation; la pyrite de fer a disparu, laissant l'argent qu'elle renfermait libre dans la roche silicifiée et rubéfiée par l'oxyde de fer; la pyrite de cuivre a disparu, elle aussi, transformée en sulfate que les eaux ont dissous et entraîné dans la profondeur; la galène' a donné du carbonate de plomb dont les cristaux abondent un peu partout dans les mines. Et ces phénomènes ont été plus puissants et plus marqués là où les terrains étaient le plus perméables, c'est-à-dire avaient précisément été le plus pénétrés par les eaux ou les vapeurs métallifères. C'est ainsi que l'on peut expliquer la formation de ces immenses amas de « pacos » qu'on a exploités et qu'on exploite encore dans les « tajos » de Descubridora, Santa Rosa, Tingo,Cayac, Magente, Avellafuerte, Maturana, etc., amas qui sont extérieurs aux filons, sur le flanc desquels ils constituent de véritables masses adventives. Les plus importants d'entre eux sont alignés le long du filon dont les affleurements sont les plus considérables de tous, le filon de Santa Catalina, et se trouvent du côté de la Dacite : le plus important, l'amas de Santa Rosa entoure la colline de Santa Catalina, que l'ampleur extraordinaire des masses quartzo-ferrugineuses dont elle est formée désigne comme le centre du gisement (Voir la carte fig. 1, Pl. XII). En dehors de ces amas, les « pacos » occupent toute la partie des terrains, depuis la surface jusqu'à une profondeur moyenne de 30 mètres. Les minerais de cuivre, si activement recherchés aujourd'hui, sont comme les « pacos » des minerais de seconde formation. Ils ont été produits par des réactions chimiques complexes entre les eaux chargées de sulfate de cuivre Tome XVII, 1900.

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