Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 335]

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LE GISEMENT DE CERRO

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part, la tristesse et la monotonie de ce paysage sans un seul arbre, une seule touffe d'herbe, rien que le gazon court de la pampa, que le llama est seul capable de brouter, ne contribuent pas à rendre le pays susceptible de retenir les oisifs ou d'attirer les touristes. Un désagrément qui n'est pas spécial au Cerro, mais qu'on y éprouve à un plus haut degré qu'ailleurs à cause de la très grande altitude, c'est le « soroche » ou mal des montagnes. On commence à en ressentir les effets entre Lima et le tunnel de Galera, pendant cette premièrejournée de voyage, où l'on s'élève si rapidement du niveau de la mer à une altitude égale à celle du mont Blanc. Quelques-uns passent sans rien éprouver; d'autres, au contraire, sont atteints dès 2.000 mètres et sont fort malades: saignements par le nez ou les oreilles, vomissements, congestion, etc. La plupart en sont quittes pour des douleurs plus ou moins violentes aux tempes et à la nuque. 'Personne n'échappe à l'essouflement et à la lassitude rapide provoqués par l'extrême raréfaction de l'air. Au bout de quelques jours les douleurs de tête disparaissent et on peut reprendre à peu près son pas normal sans trop souffler, au moins en terrain plat. Maison reste pendant des mois incapable d'un effort un peu violent et soutenu, l'accoutumance des poumons ne se produisant qu'avec beaucoup de lenteur. Topographie et géologie. — Le cirque dans lequel se trouve le gisement de Cerro de Pasco est allongé du sud au nord et mesure dans ce sens 2 km 500 à peu près.- Il a, de l'est à l'ouest, 1.800 mètres de largeur. Le gisement se trouve dans le plateau montueux sur lequel est bâtie la ville, et occupe sensiblement l'axe longitudinal du cirque. Ce plateau, qui domine au nord, à l'ouest et au sud les pampas marécageuses de San Juan, San Andres, San Judas, et les lacs de Patarcocha et d'Esperanza, se relie par une suite de terrasses aux hauteurs fermant l'enceinte à l'est.

Quatre gorges, ou « quebradas », donnent accès dans le cirque : au sud la gorge de Quiulacocha, la plus largement ouverte et la moins profonde, à l'entrée de laquelle se trouve le lac de Quiulacocha où se déversent par la galerie d'écoulement du même nom les eaux sortant des mines.; au nord- nord -ouest, celle de Rumillana, moins large, mais bien plus profonde; au nord-est, celle de Trinidad ou Pucavaco, extrêmement encaissée ; à l'est enfin, celle de Tullurauca, qui vient rejoindre la précédente, après un détour d'une quinzaine de kilomètres vers le nordest. Les cols qui donnent accès dans les deux dernières de ces gorges sont à une altitude supérieure à celle de la ville; il n'y a, au contraire, qu'à descendre pour pénétrer dans les deux premières. Sur trois côtés: au sud-est, à l'est et au nord, les hauteurs qui forment l'enceinte sont composées de calcaires compacts de couleur foncée presque noire dont les couches sont dirigées nord 10° à 15° est avec une plongée générale vers l'est. On y rencontre, intercalés, des bancs d'un grès sableux, très friable, de couleur claire. Cette formation, d'après les fossiles qu'on y. a recueillis, appartient à la période crétacée. Au sud se présentent des schistes, et derrière eux des conglomérats calcaires à gros éléments. Le schistes sont noirs, durs, compacts, très imprégnés de pyrite en certains points. Leurs couches sont généralement redressées. Au milieu d'elles sont intercalés des bancs d'un grès de couleur brunâtre, plus consistant que le grès des calcaires et argileux. On retrouve les schistes au-delà des calcaires au nord, dans la' gorge de Rumillana; ils sont l'étage inférieur. A l'ouest, c'est une roche éruptive qui ferme le cirque. Les examens pétrographiques auxquels cette roche a été soumise ont montré qu'elle appartientàla famille des Andésites. Elle est très quartzifère et tout à fait semblable à