Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 333]

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GISEMENT DE CERRO DE PASCO (PÉROU) Par M, L. GASCUEL, Ingénieur civil des Mines.

Introduction. — Le Cerro de Pasco a été, avec Potosi, Oruro, Chanarcillo, Zacatecas, etc., un grand centre de production de l'argent dans l'Amérique espagnole. Il fut découvert en 1630 par un Indien qui, ayant allumé du feu sur une colline appelée Santa Rosa, aune quinzaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Pasco, remarqua que les pierres avec lesquelles il avait construit son foyer avaient partiellement fondu et laissaient voir des filaments d'argent. Les habitants de Pasco, aussitôt prévenus, accoururent et se convainquirent rapidement que le nouveau gisement était infiniment plus étendu, plus riche et d'une exploitation plus facile que celui de Colquijirca, d'où ils avaient jusqu'à ce moment tiré leurs minerais, de telle sorte que Pasco fut bientôt à peu près déserte. Elle ne s'est pas relevée depuis. Depuis 1630, le Cerro de Pasco a connu des fortunes diverses. Après une première période de grande activité, qui dura plus d'un siècle, vinrent les difficultés causées surtout par l'invasion des eaux dans les mines devenues plus profondes, et l'histoire du Cerro est dès lors une succession de moments de prospérité et de dépression, selon que la galerie d'écoulement percée pour le dénoyage venait d'être ouverte ou se retrouvait au niveau de travaux nouvellement approfondis. A partir du milieu de ce

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siècle, et surtout depuis 1870, la décadence s'est tout à fait accentuée. La baisse continue et considérable du métal argent, la fermeture successive des Monnaies des différents pays à la frappe libre, l'arrivée des travaux au niveau de la galerie actuelle d'écoulement de Quiulacocha, l'impossibilité de percer une autre galerie à moins de grosses dépenses, hors de proportion avec les ressources des mineurs, le très mauvais état des mines exploitées depuis plus de deux siècles et demi sans méthode et sans souci de l'avenir, tout contribuait à la ruine, et on pouvait prévoir à bref délai l'abandon complet du gisement, lorsque, vers le milieu de l'année 1898, un propriétaire de mine plus entreprenant que les autres s'avisa d'essayer de faire vendre en Europe quelques tonnes du minerai de cuivre qu'on rencontrait en divers points, au voisinage des « pacos », mais qu'on avait jusqu'alors négligé. Or ces minerais sont d'une grande richesse, et le produit de la vente fut des plus substantiels. Tous les mineurs du Cerro se mirent aussitôt à rechercher chez eux ce « métal nègre », si longtemps regardé comme une gêne dans l'exploitation. De sorte qu'aujourd'hui la vie est revenue au Cerro de Pasco et que l'attention du monde industriel se porte de nouveau sur ce gisement autrefois si célèbre. Situation. Description. Climat. — Le Cerro de Pasco est situé à 300 kilomètres environ à vol d'oiseau au nord-est de Lima par 10° 43 de latitude sud et 78° 30 de longitude ouest de Paris. Il occupe, au milieu des hauts plateaux des Andes, à 4.330 mètres d'altitude moyenne, une sorte de cirque surélevé dans ce qu'on appelle le Nudo de Pasco, point de convergence de divers rameaux de la Cordillère (Voir fig. 3, Pl. XII). De ce cirque s'écoulent en sens divers un certain nombre de rivières appartenant au bassin de l'Amazone, parmi lesquelles le Huallaga, un des plus puissants affluents du Maranon.