Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 79]

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SUR LA CRISTALLOGRAPHIE DU F'ËR

tion A2 n'entraînerait aucun changement des plans de symétrie. Il n'y a plus à tenir compte de l'expérience de M. Arnold, ramenant à leur forme primitive, par un réchauffage à 750°, les gra.ins de la ferrite préalablement étirés par un laminage terminé vers le rouge naissant. Cette expérience semblait indiquer un changement cristallin au point A2 que M. Arnold appelait, pour cette raison, le point de cristallisation du fer( k ). M. Stead a démontré plus récemment que, pour ramener à leurs formes équiaxes les grains de ferrite étirés à froid, il suffisait de les chauffer, pendant un temps suffisamment prolongé, à une température qui n'a pas besoin de dépasser 600°, alors que la totalité ou, tout au moins, la presque totalité du fer, est à l'état a (*.*). Il n'en est pas moins vrai que les faits purement cristallographiques invoqués à l'appui de l'isomorphisme du fer 0 et du fer a ne sont pas très concluants. Aussi me tournerai-je vers un autre argument, tout k fait indépendant, qui rend cet isomorphisme probable. M. H. Le Chatelier, étudiant, dans ses Recherches sur la dissolution (***), les lois des transformations allotrotropiques, distingue : 1° Les transformations allotropiques dans l'état cristallisé qui se produisent brusquement et d'une façon réversible à une série de pressions et de températures reliées entre elles par l'équation de Clapeyron-Carnot ; 2° Les transformations allotropiques dans l'état amorphe, qui se font d'une façon continue et progressive dans un intervalle limité de température. « Cette façon d'envisager les phénomènes de transfor-

(*) Journal of the Iron and Steel Instilule, 1894, part. I, n. 132. (**) Loc. cit. (***) Annales des Mines, février 1897, p. 13 -17 du tirage à part.

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mation allotropique est d'ailleurs, ajoute M. Le Chatelier, tout à fait conforme aux lois générales de la mécanique chimique. Les transformations chimiques réversibles quelconques, produites par une variation de température, sont brusques quand les états extrêmes de la réaction restent séparés sans mélange, simplement juxtaposés, et cette condition est remplie dans les transformations allotropiques de l'état cristallisé ; la réaction chimique est, au contraire, progressive, dans le cas où les états extrêmes de la réaction sont mêlés ; cette condition serait remplie dans la transformation allotropique de l'état amorphe. » Si on prenait ces considérations dans un sens étroit, on serait, très gêné de la transformation du fer £ en fer a. Si, en effet, le fer (3 et le fer a sont cristallisés, leur transformation devrait être brusque, ce qui est contraire à l'expérience; et, si leur transformation est progressive, ils devraient être amorphes, ce qui est encore contraire à l'expérience. Mais il est facile d'échapper à ce dilemme, si l'on donne aux propositions ci-dessus une rédaction un peu différente à laquelle M. Le Chatelier, autant que j'en puis juger d'après ses plus récentes communications, me parait arriver de son côté. Il suffit de remarquer que les changements d'état réversibles, en prenant le mot .changement d'état dans son sens le plus général, ne se font à température constante que si la pression reste constante et se font à température variable si la pression varie. Quelles sont donc, pour les transformations allotropiques dans l'état solide, les conditions pour que la pression reste constante? D'abord il faut distinguer, en dehors de la pression atmospbérique qui, elle, est pratiquement constante, deux sortes de pressions, qui peuvent éventuellement varier, la pression osmotique et la pression mécanique.