Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 69]

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SUR LA CRISTALLOGRAPHIE DU FER

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SUR LA CRISTALLOGRAPHIE DU FER

pérature de cette barre, rafraîchie par l'afflux de l'air, ait été suffisante pour que l'on soit en droit d'attribuer ses clivages à la cristallisation sous l'état 7. Cornuel (*) a « retiré de l'intérieur d'un four à puddler de Cyrey sur Blaize un morceau de fer cristallisé et présentant un clivage cubique , ainsi qu'on le voit par les petits gradins qui existent sur la plus large face de la cassure ». Gùrlt (**) décrit un remarquable échantillon de fer brûlé appartenant aux collections de la Direction supérieure des Mines à Berlin et provenant d'un four à souder d'une forge silésienne. Cet échantillon est complètement recouvert de cristaux à clivages cubiques, formés de combinaisons du cube, de l'octaèdre et du dodécaèdre rhomboïdal. Les formes les plus fréquentes sont le cube et l'octaèdre, plus rarement le cube modifié par le dodécaèdre. Les cristaux atteignent jusqu'à une ligne et demie ; ils sont le plus souvent à faces concaves et recouverts d'une mince pellicule d'oxyde magnétique ; ils ne contiennent pas de carbone et seulement des traces de silicium ; ils sont forgeables et très doux. M. He}'n (***) a trouvé des clivages cubiques dans un loup de fourneau extrêmement pauvre en carbone, puisque l'analyse microscopique n'y révélait pas de perlite ; la teneur en phosphore n'est pas indiquée. Personnellement j'ai examiné un morceau de fer de Suède, qui avait subi un commencement de fusion partielle suivi d'un refroidissement lent. La coupe, attaquée par l'acide nitrique à 20 p. 100, montre que le fer est arrangé en bandes parallèles, et ces bandes peuvent se grouper suivant les trois côtés de triangles équilatéraux (fig. 31, (*) Comptes Rendus, t. XXXV, p. 961, 1852. (**) Uebersicht derpyrogenneten kunstlichen Mineralien. Freiberg, 1857. (***) Mittheilungen aus den Kiin. technischen. Versuchsanstalten, 1898 p. 311.

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Pl. III); grossissement de 16 diamètres. Ces formes se rapportent bien à l'octaèdre. En somme, ces observations relatives au fer sont, dans leur ensemble, et même en négligeant celles qui sont douteuses, d'accord avec les observations relatives aux aciers et aux fontes. Et toutes concourent à prouver que le fer v cristallise bien dans le système cubique, de préférence en octaèdres plus ou moins éloignés de leur forme parfaite (*). (*) En dehors des échantillons que l'on peut ranger dans une des catégories, fontes, aciers ou fers, il en est quelques-uns qui sont très insuffisamment définis et qui justement ont donné lieu à des remarques intéressantes au point de vue cristallographique. Grignon, que l'on rencontre toujours à l'origine de ces études, a trouvé dans le creuset d'nn fourneau éteint une matière « cristallisée en « rhombe hexaèdre, en cubes, en parallélipipèdes composés d'un tissu « de couches appliquées les unes sur les autres, qui se rompent avec « effort rhomboïdalement, comme fait le spath d'Islande, chaque feuille « étant composée de molécules rhomboïdales, intimement unies... « (fin. 28, Pl. 1). Grignon considère ces cristaux comme formés de « régule de fer, le régule étant quelque chose d'intermédiaire entre « l'état de fonte et celui de fer, conformément au sentiment de Bêcher, « qui définit le régule : chaos seu médium inter mineram et metallum : « quod nec corpus nec spiritus est, sed quoddam mirabile quod se ad « metalla habet, ut mater (p. 75) ». Mais Grignon range aussi sous la même rubrique le fer brûlé (probablement à cause de sa fragilité) et, d'autre part, il signale à côté les unes des autres des formes incompatibles, cubes, octaèdres et rhomboèdres. Dans la fig. 5, Pl. I, un cube li de régule est associé à des octaèdres de fonte et, dans une figure non reproduite ici (fig. 2, Pl. XIII de l'original), un autre cube de régule se trouve au voisinage de cristaux vitreux. L'interprétation des observations est donc difficile, et il est probable que des substances différentes ont été réunies sous le même nom; les rhomboèdres pourraient être un carbure, peut-être un phosphure. Il n'en reste pas moins que Grignon a été un observateur attentif et un expérimentateur habile, car il dirigeait expressément l'extinction de ses fourneaux en vue d'y obtenir des produits cristallisés. Sur un loup d'un fourneau de Gleiwitz (Silésie), Noggerath a vu des octaèdres (Schweigger's Jalirbuch der Chemie und Physik, t. XL1V, p. 251 ; 1825). Autant qu'il est possible de comprendre sans figure la description donnée par l'auteur, ces octaèdres sont identiques à tous ceux que les autres chercheurs ont signalés, avant et après lui, dans les retassures des fontes et des aciers. Wôhler a clivé en cubes parfaits un autre loup (loc. cit.). Hohenegger a fait présent à l'Institut géologique de Vienne d'un