Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 196]

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DANS LA RÉGION DE SAINT-ÉTIENNE

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L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE

de-Gier, où ils montent immédiatement la fabrication des

aciers au creuset. L'usine possède bientôt un four de cémentation de 40 tonnes, douze fours doubles de fusion,

sept marteaux actionnés par le Gier. En 1834, on y établit une machine à vapeur de 36 chevaux pour actionner des laminoirs et trois nouveaux marteaux, et, la même année, MM. Jackson- frères présentent à l'Exposition un lingot d'acier fondu de 423 kilogrammes, énorme pour l'époque.

Par suite des efforts de Jackson et de Beaunier, les prix des aciers fondus, de 350 à 400 francs les 100 kilogrammes en 1817, ont pu s'abaisser beaucoup, tout en

permettant encore aux usines de réaliser de notables bénéfices. En 1835, l'acier fondu en barres ne se vend plus que 220 à 260 francs, suivant qualité ; les tôles d'acier fondu coûtent 270 francs. Les aciers cémentés se trouvent dans le comnierce à raison de 100 francs lors-

qu'ils proviennent de fers à la catalane, à raison de 140 francs s'ils sont fabriqués *avec des fers de Rive ; on

les majore de 20 francs pour les barres de petites dimensions.

Pendant ce temps, les aciéries de la Bérardière continuent à se développer. La production de l'acier fondu est Chez elles relativement peu importante ; elles ont surtout

en vue la fabrication des aciers raffinés corroyés dont elles produisent par an jusqu'à 250 tonnes. En 1836, elles sont louées par les frères Jackson, qui deviennent ainsi les plus gros producteurs d'aciers fins en France. Pour les mêmes fabrications, une nouvelle usine vient cependant de s'installer, qui va rapidement prendre une très grande importance : c'est en 1829 que Jacob Holtzer

fonde à Unieux, auprès de Firminy, sur l'Ondaine, les aciéries qui portent son nom. On ne s'y occupe d'abord que de la fabrication des aciers corroyés obtenus par soudage de paquets formés de lames en acier naturel

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ou en acier de cémentation ; dès l'origine, on trie et on classe avec le plus grand soin, suivant leur dureté et leur qualité, les barres destinées à la confection des paquets, et les produits obtenus à Unieux peuvent bientôt rivaliser avec Ceux de la Bérardière. En 1840 seulement, les usines Jacob Holtzer entreprennent la fabrication des. aciers fondus au creuset, qui a pour conséquence l'installation de fours à cémenter; on emploie exclusivement des fers de Suède, qui constituent alors la meilleure matière

première pour la fabrication des aciers fondus de première qualité. .Les forges à l'anglaise.

En même temps que Jackson

s'applique surtout à développer l'industrie de l'acier au creuset, de nombreuses forges à l'anglaise s'installent dans la région. Deux ans après que Bessy a monté la forge de Saint-Julien, la Compagnie anonyme des Fonderies et Forges de la Loire et de l'Isère crée, en 1822, l'usine de Terrenoire, qui est mise en marche en 1823. Dès l'origine, elle est la .plus grande forge de la région : elle ne comprend pas moins de quatorze fours à puddler et de deux feux d'affinerie ; le travail mécanique des loupes et l'étirage des fers marchands sont obtenus à l'aide d'un gros marteau, d'un laminoir dégrossisseur et (le douze jeux de laminoirs. La production annuelle peut y atteindre 10.000 tonnes,- et la force motrice est fournie par trois Machines à vapeur d'une puissance totale de 131 chevaux.

La Société de la Loire et de l'Isère est alors une des plus grosses affaires métallurgiques en France. Outre l'usine de Térrenoire, elle possède le haut-fourneau de Vienne, dans l'Isère, qui marche en fonte de moulage, et, dès 1826, elle commence à la Yonne la construction de quatre hauts-fourneaux. C'est là une création nécessaire, car les fontes, obtenues à, Terrenoire avec les minerais

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