Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 141]

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RECUERCHES CONCERNANT LES EXPLOSIFS DE SURETÉ ' 275

NOTE A LA COMMISSION DU GRISOU

pendant le tirage à la poudre soient maintenues avec les nouveaux explosifs.

La Commission anglaise constate, de plus, que

les

explosifs de sécurité enflamment beaucoup moins facilement les poussières de charbon que ne le fait la poudre noire. Comme remarques spéciales, elle note que les mélanges

grisouteux sont plus facilement enflammés par les déto-

nateurs au fulminate que les mélanges d'air et de gaz d'éclairage, et que, contrairement à l'opinion de la Coinmission française, les détonations incomplètes n'augmentent

pas le danger que présente un produit. Sur ce dernier point, qui offre peu d'intérêt d'ailleurs, au point de vue des précautions à prendre, le seul phénomène de ce genre cité par la Commission française est l'inflammation du grisou par une cartouche de dynamite

brûlant au lieu de détoner, lorsqu'elle est allumée pai une flamme au lieu d'être excitée par un détonateur. Ce fait_a été nettement constaté (*) et reste acquis. Quant à l'effet sur le grisou des détonations incomplètes des explosifs de sûreté, il ne nous parait pas possible d'émettre une conclusion aussi générale que celle de la Commission anglaise, cet effet dépendant essentiellement du mode di,

décomposition de l'explosif, qui peut être très variable d'un essai à l'autre. On voit que, dans l'ensemble, les expériences de la Commission anglaise ne contredisent ni ne complètent les

résultats acquis en France. On peut donc s'étonner mie l'appréciation du degré de sécurité des explosifs à employer dans les houillères grisouteuses; conformément à l'ordonnance anglaise promulguée le 4 juin 1897, soit basée non plus sur la nature de l'explosif, comme dans la réglemen-

tation française, mais exclusivement sur des essais pra(*) Al211. des Mines, 8" série, t. XiV, loc, cil., p. 211s.

tiques effectués dans des conditions d'une efficacité contestable (") par une Commission officielle instituée à Woolwich -Voici en effet comment se pratiquent ces essais : Oh prend

un poids de l'explosif, équivalant comme force à 2 onces (56,7 grammes) de dynamite, ou 6 Onces (170,1 gramme) de poudre RFG-2, cette force étant appréciée d'après la méthode connue de Trauzi, basée sur l'augmentation de volume d'une cavité pratiquée dans un bloc de plomb par l'explosion d'un poids déterminé de l'explosif qu'on y fait détoner. Le poids d'explosif est placé dans un canon sous un bourrage de 9 pouces (23 centimètres) de longueur

d'argile sèche et pulvérisée, et on le fait détoner au milieu d'un mélange explosif d'air et de gaz d'éclairage

sans poussières ; s'il n'y a pas plus de deux épreuves défavorables sur quarante, l'explosif est autorisé (admitted) dans les houillères dangereuses. Si l'on se reporte aux résultats obtenus avec bourrage dans les essais analogues effectués à Liévin, oit 30 centimètres de sable, versés et non tassés,. ont rendu inoffensive une- charge de 85 grammes de dynamite-gomme, il parait vraisemblable que tous les explosifs détonants -sans exception pourront être admis d'après la règle anglaise ; et, de fait,- la liste des explosifs autorisés par les ordonnances. anglaises contient, à côté d'explosifs

réellement de sûreté, comme la dahménite A et l'ammonite, des composés comme la nobelgelignite (tenant 51 à 63 p. 100 de nitroglycérine,. 3 à 5 p. 100 .de coton nitré, 26 à 34 de salpêtre, et 6 à 9 de sciure de bois avec ou sans 1/2 p. 100 de craie) dont les effets sur le grisou doivent différer extrêmement peu de ceux de la dynamite elle-même, qui l'enflamme avec une (*)(lf. Note sur les Explosifs de sûreté, par Victor WATTEYNE, Inspecteur principal, Directeur des Mines, à Bruxelles, et Lucien DENOEL, Ingénieur au Corps des Mines, à Bruxelles (Ann. des Mines de. Belgique, t. III, p. 805).